Friday, April 19, 2024
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(Contribution) – Migration en Afrique: Les trois frontières du Sahel.

C’est la zone dans laquelle les « populations sont dans le dénuement total, avec des personnes déplacées, où les besoins sociaux sont énormes. Ce programme que nous avons lancé vise à doter ces populations de centres de santé, d’écoles et le plus important : de points d’eau », a expliqué à RFI, Mikailou Sidibé, le chef du département infrastructures du G5 Sahel. Sidibé fait allusion à un financement du gouvernement allemand qui, dans cadre du G5 Sahel (force conjointe des militaires de la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad) donnera la priorité aux populations victimes du terrorisme. L’espace choisi est celui du Liptako-Gourma, appelée des ‘trois frontières’ : Burkina-Mali-Niger, où la présence des groupes terroristes accentue la pauvreté et l’insécurité. Néanmoins, à bien regarder, les trois frontières sont bien d’autres !

La première est celle de l’hypocrisie militaro-humanitaire. Elle consiste, comme dans le script d’un film déjà vu ailleurs, dans la préparation du terrain pour la création du chaos, d’en faciliter le maintien et d’arriver, à travers les financements attendus, à se présenter comme les sauveurs de la patrie. Chauffeurs et pompiers selon les circonstances afin ‘d’attirer des fonds’ pour les projets de développement. Exactement comme les Groupes Armés Terroristes et le Forces Armées, composées par des militaires locaux et étrangers. Commerces, armes et géopolitiques des ressources s’imbriquent pour former un front unique : tant qu’il y a la guerre il y aura un futur pour les fabricants de guerres.

De manière analogue, un procès semblable se passe dans le domaine migratoire. Avant on crée les frontières extérieures de l’Europe dans le Sahel, interdisant ‘manu militari’ la libre mobilité des migrants et, en échange, on impose des projets de développement biaisés, appelés ‘Fonds Fiduciaires’ qui auraient l’ambition d’atteindre les ‘racines profondes des migrations’. La logique est la même, on change simplement le secteur d’intervention, les acteurs et les dispositifs d’application. En premier lieu avec l’invention et exportation d’une idée unique de frontière. S’en suivent ensuite les mécanismes de formation et de gestion des frontières par exemple à travers EUCAP Sahel (mission civile de soutien aux capacités de sécurité intérieure), l’Organisation Internationale des Migrations,OIM, pour rapatrier les migrants ‘volontaires’ et finalement le monde humanitaire. Ce dernier s’occupe, bien sûr grâce aux financements extérieurs, de panser les ‘blessures’ des migrants vulnérables. Tout cela sans ne nullement mettre en discussion le système qui engendre cela. Voici donc la deuxième frontière du Sahel !

La troisième frontière, en revanche, ressemble davantage à un abime qui sépare, d’un bout à l’autre, le monde. Un abime qui, comme dans la parabole du riche qui donne des banquets chaque jour à ses amis dans son palais et du pauvre Lazare qui, invisible à ses yeux, reste à la porte avec l’espoir de se nourrir de tout ce qui tombe de la table du riche. L’abime existe et se creuse grâce à la globalisation de l’invisibilité des ‘pauvres Lazares’ de nos jours qui, sans le savoir, représentent le seul espoir de changement du monde. L’abime entre le Nord et le Sud ne se trouve pas seulement entre les continents mais il se reproduit à l’intérieur des Pays, des villes et des campagnes. On le trouve aussi entre les différentes générations et surtout dans le plus profond de l’esprit humain, appelé ‘cœur’. Cette dernière frontière, l’abime’, est celle qui se trouve à la base des deux autres précédemment citées. Elle se manifeste à l’extérieur par des murs, des barbelés, des camps de détention, de cimetières délocalisés et par le confinement des peuples ‘inutiles’.

Voilà pourquoi les ‘gardiens des racines’ et le constructeurs des ponts, sont considérés dangereux par le système qui engendre l’abime. Pourtant c’est seulement par eux que pourra germer la quatrième frontière appelée ‘utopie’.

Par Mauro Armanino
Illustrations: Dan Yayé Moctar

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