Friday, April 19, 2024
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Coronavirus: au Maghreb, les commercants et travailleurs face à la crise économique

Des Algériens reçoivent des masques dans la banlieue d'Alger le 21 mai 2020.
Des Algériens reçoivent des masques dans la banlieue d’Alger le 21 mai 2020.  RYAD KRAMDI / AFP

Texte par :Jeanne RichardSuivre

Alors que le confinement est prolongé jusqu’au 13 juin en Algérie, jusqu’au 10 juin au Maroc et qu’en Tunisie le déconfinement se poursuit, la crainte d’une crise économique se propage. Les inquiétudes sont particulièrement fortes pour les petits commerçants et les personnes qui vivent de petits boulots malgré les aides d’État.

Depuis début mars au Maghreb, fini les petits vendeurs de rue, les ouvriers à la journée et les petits commerces. Coiffeurs, quincaillers et magasins de vêtements ont les volets baissés à cause des mesures décidées pour lutter contre la pandémie de Covid-19. Même si les gouvernements ont bien décaissé des aides pour venir en aide aux travailleurs privés de leurs maigres ressources pendant le confinement et organisé des distributions de nourriture dans certains quartiers défavorisés, les difficultés sociales et économiques sont grandes.

À lire: La riposte, pays par pays : Au Maghreb, des mesures précoces pour contenir la propagation du coronavirus

En Algérie, 5 millions de personnes ont reçu 10 000 dinars (environ 70 euros) pendant le ramadan, soit à peine un quart du salaire moyen. Toutefois, cela a aidé à réduire les tensions sociales, selon l’économiste Abderrhamane Mebtoul. Pour lui, la difficulté est de cibler les personnes dans le besoin alors qu’il estime que le secteur informel représente 50 % de la population active du pays. Aujourd’hui, près de 6 millions de personnes sont non déclarées, mal recensées et sans protection sociale.

Toutefois, Abderrhamane Mebtoul ne craint pas en Algérie une explosion sociale dans les 18 prochains mois au moins. Selon lui, c’est l’occasion de mettre à profit ce temps pour imaginer un nouveau modèle et amorcer un redémarrage de l’économie.

Les mêmes problèmes se rencontrent au Maroc et en Tunisie.

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Dans le royaume chérifien, selon les données officielles, près de 10% de la population a pu bénéficier d’une aide directe. Le Comité de veille économique chargé de suivre l’impact de la crise sanitaireestime que sur les 4,3 millions de familles tirant leurs revenus du secteur informel ou de métiers précaires, 3,7 millions ont bénéficié d’une aide directe d’entre 800 à 1 200 dirhams (75 à 110 euros) par mois selon la taille du foyer.

Qu’en est-il des familles qui n’ont rien reçu ? Surtout que, du fait des délais de mise en place, seulement 40% d’entre elles disaient fin avril avoir reçu une aide de l’État ou de leur employeur, selon le Haut-commissariat au plan, l’organisme chargé des statistiques.

Vers une nouvelle crise économique ?

En Tunisie, une aide de 200 dinars a été distribuée à près de 20% de la population en avril. Et même si depuis début mai le déconfinement suit son cours et que le travail reprend progressivement, des centaines de personnes font toujours la queue chaque jour devant la poste pour recevoir les aides que l’État distribue encore.

Si la difficile page du confinement se tourne, l’avenir reste tout de même très incertain. Comme ses voisins, le pays ne va pas avoir la trésorerie nécessaire pour pouvoir subventionner les aides très longtemps. Les difficultés des entreprises commencent déjà à se traduire par des licenciements et une nouvelle crise économique se profile. Quelques subventions devraient toutefois subsister pour les plus démunis afin d’éviter une explosion de la misère.

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