Friday, March 29, 2024
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Ismaël Omar Guelleh, président incontesté de Djibouti

Ismaël Omar Guelleh a reçu en héritage la présidence de Djibouti en 1999. Vingt-deux ans plus tard, “IOG” dirige toujours d’une main de fer ce petit pays dont il a su exploiter la position stratégique, aux confins de l’Afrique et de l’Arabie.

Âgé de 73 ans, l’inamovible dirigeant, qui porte embonpoint et barbe poivre et sel, a été réélu vendredi avec 98,58% des voix pour un cinquième et, théoriquement, dernier mandat, selon des résultats officiels provisoires.

Le président djiboutien est né en 1947 à Dire-Dawa, en Ethiopie, où son père était cheminot. Il rentre au pays à l’âge de 13 ans et arrête ses études quelques années plus tard. Débutée dans la police, sa carrière se construira à l’ombre d’Hassan Gouled Aptidon qui devient le premier président de Djibouti à l’indépendance en 1977.

M. Guelleh devient son chef de cabinet et le restera plus de 20 ans. Membre du clan issa, comme son mentor, il dirige également les services de sécurité et de renseignement, poste hautement sensible dans un pays fragilisé par les dissensions entre Issa et Afar, l’autre grande ethnie du pays.

En 1999, le président Aptidon se retire et passe le flambeau à son dauphin qui est élu sans encombres à la présidence. A chaque scrutin, il recueille plus de 75% des votes exprimés.

– “le Parrain” –

Dès sa première décennie au pouvoir, ce partisan d’un islam modéré, parlant six langues (italien, français, anglais, somali, arabe et amharique), mise sur la position stratégique de Djibouti, un territoire aride et petit mais ancré à la jonction du golfe d’Aden et de la mer Rouge, face à l’une des voies maritimes les plus empruntées au monde.

Il parie sur le développement des infrastructures, maritimes et logistiques et attire dans ce but des capitaux étrangers, dont ceux de Dubaï.

Sous son règne, le pays accueille également des bases militaires étrangères. Y sont aujourd’hui présents les Etats-Unis, le Japon, la Chine et la France.

“C’est un homme politique à la pensée stratégique, qui comprend les points forts de Djibouti et utilise son potentiel”, estime Benedikt Kamski, de l’institut allemand Arnold Bergstraesser.

“IOG est ouvert aux nouveautés, notamment s’agissant du numérique, des “fintech” et des nouvelles technologies”, poursuit ce chercheur basé à Addis Abeba, décrivant également le président comme “un homme ayant soif de pouvoir”.

En 2010, au terme de son deuxième mandat, un Parlement acquis à sa cause vote une réforme de la Constitution supprimant la limite de deux mandats. Guelleh se représente, mais promet que ce sera sa dernière course à la présidentielle.

Deux mandats plus tard, le président – qui affectionne de larges vestes bleues boutonnées, portées sans chemise – continue d’exercer un pouvoir sans partage, s’appuyant à la fois sur son sous-clan, les Mamasan, et sur sa famille élargie.

Son épouse, l’influente Kadra Mahamoud Haïd, est un acteur-clé du régime. Des parents, proches ou éloignés, occupent de nombreux postes-clés de l’administration et du gouvernement.

“C’est le Parrain”, résume Sonia le Gouriellec, docteure en sciences politiques et auteure du livre “Djibouti: la diplomatie de géant d’un petit Etat”.

L’opposition historique, qui était parvenue à former une coalition pour les élections législatives de 2013, s’est avec le temps morcelée, divisée par des manoeuvres du régime.

– Préparer l’après –

La Constitution, depuis sa révision, stipule également que les candidats à l’élection présidentielle sont âgés de moins de 75 ans, un âge que le président aura dépassé lors du prochain scrutin, dans cinq ans.

Des analystes interrogés par l’AFP estiment un nouveau changement de la constitution peu probable.

“C’est la dernière fois qu’il se présente (…) Je vois cette élection comme un point de départ de l’ère post-Guelleh”, poursuit M. Kamski.

Plusieurs noms, au sein de son cercle proche, circulent et les rumeurs vont bon train à Djibouti pour savoir qui lui succédera.

Ainsi, “IOG” pourrait tirer parti de ce cinquième mandat pour choisir et désigner son dauphin, laissant la place au troisième président de Djibouti, comme, il y a 20 ans, son mentor l’avait fait avec lui.

Afp

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