Friday, April 19, 2024
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L’ex-président Zuma en prison, test pour la jeune démocratie sud-africaine

L’ex-président sud-africain Jacob Zuma, englué dans des scandales de corruption, est désormais en prison: inédit en Afrique du Sud et test d’ampleur pour les institutions de cette jeune démocratie.

Le sulfureux et charismatique dirigeant, qui a gagné ses lettres de noblesse en passant dix ans incarcéré aux côtés de l’icône Nelson Mandela avant de diriger en exil le renseignement du Congrès national africain (ANC), son parti, sous l’apartheid, a mis fin au suspense et s’est rendu mercredi. A la sidération quasi générale.

Le “Combattant de la liberté” déchu, autrefois surnommé “Teflon” pour son talent pour échapper à la justice, a tenu le pays en haleine jusqu’après minuit (22H00 GMT), ultimatum pour son incarcération. Un convoi de voitures a fendu la nuit devant sa résidence de Nkandla, en pays zoulou (Est), pour filer vers la prison moderne d’Estcourt à quelque 200 km.

La semaine dernière, la plus haute cour du pays l’avait condamné à 15 mois de prison ferme pour son refus de témoigner devant la commission anticorruption. Cette instance créée en 2018 face à l’ampleur des scandales entourant le président Zuma a déjà recueilli une quarantaine de témoignages le mettant en cause.

Après plusieurs recours ces derniers jours, M. Zuma, 79 ans, a fini par se constituer prisonnier. Pas “un aveu de culpabilité”, a immédiatement réagi son porte-parole Mzwanele Manyi.

La fondation qui représente l’ex chef d’Etat a publié jeudi soir sur Twitter une photo de nuit du centre correctionnel où il s’est rendu: “C’est là que le Président Zuma, un grand-père de 79 ans, est emprisonné sans procès. Le pays retourne à l’époque de l’apartheid. Très triste”.

De nombreux Sud-Africains ont eux salué l’incarcération de M. Zuma, respectueuse des règles démocratiques. “Personne n’est au-dessus de la loi”, ont répété témoins et acteurs ces derniers jours.

– “Météo orageuse” –

L’ancienne médiatrice de la République Thuli Madonsela a salué “un jour de gloire” qui montre “la primauté de l’Etat de droit”. Mais sur le plan humain, a-t-elle nuancé auprès de l’AFP, “c’est désolant d’avoir à envoyer” un vieux monsieur et un combattant anti-apartheid “en prison simplement parce qu’il refuse de rendre des comptes”.

Elle avait détaillé dans un rapport accablant en 2016 comment une fratrie d’hommes d’affaires d’origine indienne, les Gupta, avait pillé les ressources publiques sous sa présidence (2009-2018).

L’inoxydable Zuma, dont le deuxième prénom signifie en zoulou “celui qui rit en broyant ses ennemis”, a bien tenté de plaider son âge avancé et l’iniquité du jugement. Mais ces arguments, comme les menaces de chaos dans le pays si l’on “osait” venir le chercher, n’ont pas mobilisé.

Le ministre de la Police Bheki Cele, qui s’était montré plus qu’hésitant à l’arrêter, a finalement fait volte-face, se disant obligé de respecter la loi.

“On ne peut pas défier la loi en toute impunité”, a commenté l’Alliance démocratique (opposition).

“M. Zuma et ses partisans doivent être tenus pour responsables” de leurs actes, a insisté la Fondation Mandela, affirmant que “sa stratégie juridique a consisté à brouiller les pistes et retarder” le travail de la justice.

L’ANC au pouvoir a salué une victoire pour l'”indépendance de la justice”. Mais l’épisode est “difficile à vivre”, a reconnu le parti, appelant au “calme et au respect” des règles.

“Reste fort. Météo orageuse mais il ne peut pas pleuvoir indéfiniment”, a twitté Ace Magashule, secrétaire général récemment écarté de l’ANC pour corruption.

Le ministre de la Justice a précisé que comme tout détenu, Zuma pouvait espérer une libération conditionnelle au bout d’un quart de sa peine, soit un peu plus de trois mois. “On s’occupe de lui, il est d’humeur joviale, comme on le connaît”, a commenté Ronald Lamola.

Lundi, la plus haute cour réexaminera sa sentence, avant la reprise le 19 juillet de son procès pour corruption dans une affaire de pots-de-vin de plus de 20 ans impliquant le groupe français Thalès.

Afp

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