Thursday, April 25, 2024
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Nos films coup de cœur de 2019

« Portrait de la jeune fille en feu », « Parasite », « Atlantique »… Les critiques cinéma du « Monde » ont chacun désigné les cinq œuvres qui les ont les plus émus et convaincus cette année.

La sélection de Clarisse Fabre

  1. Portrait de la jeune fille en feu, de Céline Sciamma
  2. An Elephant Sitting Still, de Hu Bo
  3. Atlantique, de Mati Diop
  4. Halte, de Lav Diaz
  5. Ne croyez surtout pas que je hurle, de Frank Beauvais
Adèle Haenel et Noémie Morland dans « Portrait de la jeune fille en feu », de Céline Sciamma.
Adèle Haenel et Noémie Morland dans « Portrait de la jeune fille en feu », de Céline Sciamma. Lilies Films – Arte France Cinema/Collection Prod DB

1770-2034 : à cheval sur quatre siècles et au galop, une histoire du monde en cinq films, réunis (et non classés) comme les pièces d’un même tableau. Du XVIIIsiècle féministe de Céline Sciamma au futur apocalyptique de Lav Diaz, les cinéastes livrent leur approche poétique du désastre et suivent l’émancipation de leurs héros. Une image : Adèle Haenel et Noémie Morland dans un lit, cheveux défaits, saisies dans une fulgurante traversée du temps, tel un couple du XXIe siècle. Une histoire des femmes instantanée, une photographie somptueuse signée Claire Mathon, la même qui a tenu la caméra dans Atlantique, soleil couchant se diluant dans l’océan, tel un cachet effervescent. Car le monde est malade, au point que des hommes partent en mer. Ne restent que les femmes pour parler en lieu et place des disparus : si on avait pu les entendre avant que le bateau ne s’enfonce, que nous auraient-ils dit ? L’histoire passionnante d’Atlantique est celle de fantômes que l’on croise bien ailleurs qu’à Dakar.

Tenez, en Alsace, Frank Beauvais, un réalisateur de 45 ans, a fabriqué son premier long-métrage devant son écran : un « ruban » d’un seul tenant, des centaines d’extraits de films défilant à la vitesse de la voix du cinéaste, qui essaie de penser le monde « à travers les films, les films seuls ». Deux autres poètes lui emboîtent le pas : le premier, en Chine, Hu Bo, s’est donné la mort à l’âge de 29 ans, peu avant la sortie de son chef-d’œuvre : dans la ville anthracite, toxique, An Elephant Sitting Still nous emmène dans un voyage au bout de la nuit, une sortie de tunnel aux reflets bleu pétrole. Aux Philippines, Lav Diaz, 60 ans, bien vivant, filme son pays en 2034, en noir et blanc, soumis aux tyrans, privé de soleil après une éruption volcanique. Faut-il lutter contre les dictateurs ou s’occuper des enfants, les adultes de demain ? On n’a jamais vu défense plus rock de la nouvelle génération. 2019, année de fureurs et de lueurs.

La sélection de Véronique Cauhapé

 

Song Kang-Ho dans « Parasite », de Joon-ho Bong.
Song Kang-Ho dans « Parasite », de Joon-ho Bong. Barunson E&A – CJ Entertainment / Collection Prod DB

L’année cinématographique 2019 s’est distinguée par de grands récits politiques dont la vertu a été de rendre profondément intelligible l’état de sociétés au bord de l’explosion. Des sociétés à deux vitesses, où l’écart entre les riches et les pauvres, le centre et la périphérie n’a cessé de se creuser, poussant l’humanité aux paroxysmes de la violence. Ceux-là mêmes qui sourdent dans le huis clos d’une maison bourgeoise de Séoul chez Joon-ho Bong, entre les barres d’immeubles d’une cité parisienne chez Ladj Ly, à ciel ouvert du grand océan qui longe la banlieue de Dakar chez Mati Diop. Puis enflent dans chacun de ces films soumis aux accidents (inondation, bavure policière, vagues d’émigration), symptômes autant que causes de l’effondrement des lois collectives et de la raison individuelle. Avant d’aboutir au cauchemar horrifique (Parasite), à la déflagration (Les Misérables), à l’engloutissement (Atlantique).

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