Saturday, April 20, 2024
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Locarno: «Camille» (Lepage), un film témoignage de Boris Lojkine

Photo extraite du 2ème long métrage de Boris Lojkine, «Camille». Ce film traite du destin tragique de Camille Lepage, assassinée en Centrafrique en 2014.
© © Jean-Baptiste Moutrille

Camille, le film de Boris Lojkine, est présenté au festival de cinéma de Locarno, en Suisse. Cette fiction revient sur le destin tragique de Camille Lepage, jeune photojournaliste  française assassinée en 2014. Le réalisateur déjà remarqué en 2014 pour « Hope » un film sur les migrants africains, a voulu tourner sur les lieux de la disparition de la jeune femme, encore hantés par les déchirures du pays.

avec notre envoyée spéciale à Locarno, Elisabeth Lequeret

En mai 2014 Bangui est en état de pré-guerre civile. La Seleka, une rébellion venu du Nord musulman y affronte les anti-Balaka, des milices d’auto-défense chrétiennes. Camille (interprétée par la comédienne Nina Meurisse) une photographe de 26 ans, part en reportage avec une milice anti-Balaka en province. Quelques jours plus tard elle est assassinée, d’une balle dans la tête, dans une embuscade.

Pour Boris Lojkine, il était important d’être à la hauteur de ce qu’a vécu Camille et de son courage. « Dans les photos, il y a une énergie: on a l’impression de participer à des événements très forts ! Donc évidemment, on craint que le film ne soit pas  à la hauteur, que les images filmées aient  l’air faible ou toc, à côté des photos qui sont l’image de la vérité, nous explique le réalisateur.

« briser la barrière »

Elle avait accordé une interview à un magazine américain, dans laquelle elle racontait son travail au Sud-Soudan. Et à la manière dont elle parlait de sa vie, comment elle avait loué une petite maison loin des quartiers où vivent les expatriés, je me suis senti incroyablement proche d’elle.

Mon film raconte ce que c’est d’être un Blanc en Afrique, de chercher à avoir un  rapport de plain-pied avec les gens. Ce qui me  frappe, dans des pays comme la Centrafrique, ou encore quand j’ai voyagé en RDC,  c’est que presque  chaque jour quelque chose me rappelle à mon statut de blanc et au fait que je suis, volens nolens, l’héritier de cette histoire coloniale terrible. C’est quelque chose que je ressens aussi profondément chez Camille, cette volonté de briser la barrière, cette envie d’aller au-delà, de passer de l’autre côté du miroir, de ne plus être seulement cette journaliste blanche qui photographie les miliciens noirs. »

À écouter aussi : Boris Lojkine est l’invité Culture de RFI

Pour le réalisateur, le pari était de tourner en Centrafrique, à Bangui alors même que la situation, cinq ans plus tard, y demeure volatile. Dans la capitale, il a aussi installé des ateliers documentaires pour former des jeunes au cinéma. Ces derniers ont ensuite travaillé sur le tournage du film, selon le souhait du cinéaste qui voulait absolument travailler avec une équipe centrafricaine.

Camille est le deuxième film de fiction de Boris Lojkine qui a commencé son oeuvre de cinéaste par deux documentaires tournés au Vietnam au début des années 2000, dans un pays toujours hanté par le poids de la guerre et du deuil.

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