Friday, April 19, 2024
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Présidentielle au Somaliland, le paradoxe international

Au Somaliland, les électeurs sont appelés aux urnes, lundi 13 novembre. Ce territoire de 4 millions d’habitants, ancienne colonie britannique située dans la Corne de l’Afrique, a proclamé son indépendance de la Somalie en 1991. C’était à la chute du régime de Siad Barre, après dix années d’insurrection contre le pouvoir central somalien de Mogadiscio. Aujourd’hui, cette république autoproclamée dont l’existence n’est pas reconnue par la communauté internationale, vit en paix et organise sa troisième élection présidentielle. Le président sortant a décidé de ne pas se représenter. Au Somaliland, seuls trois partis sont autorisés par la Constitution. Trois candidats sont donc en lice.

Le Somaliland a tout d’un Etat comme les autres sauf l’essentiel. Il a son drapeau, son armée, ses écoles, des institutions et une administration qui collecte l’impôt. Pourtant, aucun pays étranger ne reconnaît officiellement son existence.

« Cela pourrait donner des idées aux Somali vivant en Ethiopie ou au Kenya. Par ailleurs, l’ONU a reconnu l’indépendance du Soudan du Sud et de l’Erythrée, ce qui a entraîné un désastre », explique Ulf Turlinden, spécialiste de la région.

Un Etat fantôme donc, mais qui s’est toujours pris en main, notamment depuis la guerre civile. En 1981, un groupe rebelle baptisé SNM prend les armes contre le dictateur somalien Siad Barre. S’en suivent dix ans de guerre et des dizaines de milliers de morts. Une décennie de conflit qui a forgé l’idée d’une nation au Somaliland.

A la chute de Siad Barre, le territoire proclame son indépendance. Presque sans aucune aide internationale, le pays parvient à instaurer un système politique. Même si certaines zones de l’Est connaissent parfois des troubles, le Somaliland reste en paix et organise ses élections sans incident majeur. « Un exemple à suivre », disent beaucoup d’observateurs.

A Hargesia, l’avion symbole de la chute de Siad Barre (qui avait bombardé Hargeisa en 1988)

Trois candidats en lice

Adoubé par le président Silanyo, Musa Bihi représente Kulmiye, le parti de la majorité. Ancien militaire, il a fait ses classes dans l’ex-Union soviétique avant de devenir pilote de l’armée de l’air somalienne dans la guerre contre l’Ethiopie, à la fin des années 70. Devenu officier, il fait défection pour rejoindre le SNM, mouvement rebelle du Somaliland, où il devient un haut responsable opérationnel.

« Musa Bihi était considéré comme un faucon et il a gardé cette image de soldat à poigne. Il rappelle à certains l’époque de la guerre », explique un chercheur.

Face à lui, Abdirahman Mohamed Abdullahi, poids lourd de l’opposition et ancien président de l’Assemblée du Somaliland. Il porte les couleurs du mouvement Waddani. Elève doué, celui que l’on surnomme « Irro » a travaillé au ministère somalien des Affaires étrangères, avant de devenir diplomate à Moscou, de s’expatrier en Finlande, puis de rentrer au pays pour se lancer en politique.

Enfin, Faisal Ali Warabe est le petit poucet de cette élection. Cet ingénieur formé en ex-URSS et en Finlande, était allié de « Irro », dans le passé. Candidat pour la troisième fois, tout le monde dit qu’il n’a aucune chance, son parti – UCID – n’ayant pas de base assez large.

Certains disent que c’est « le Donald Trump du Somaliland », pas parce qu’il va gagner mais parce qu’il « dit beaucoup de bêtises », confie un spécialiste.

Le paradoxe international

Même s’il n’existe que sur le papier, le Somaliland accueille une équipe de 60 observateurs internationaux venus de 27 pays étrangers. Sa Commission électorale a invité des observateurs internationaux. La Grande-Bretagne, ancien pays colonisateur, a financé le projet mais c’est l’université de Londres qui le gère. Cette présence étrangère est-elle une caution en faveur de l’indépendance ?

« Le Somaliland se présente comme un territoire stable dans une zone compliquée. Il n’y a pas de conflit depuis 1997 et la communauté internationale doit donc soutenir cela. Il y a des gens, ici, et un système qui marche. Même si le Somaliland connait tous les problèmes qu’ont les autres pays pauvres, il y a une administration qui fonctionne et qui a besoin de soutiens pour continuer. Saper ces efforts, en refusant d’aider, serait pervers et contre-productif », affirme Michael Walls, chef de la mission.

Au fil des ans, le Somaliland a démontré d’étonnantes capacités à se moderniser. En 2008, il a enregistré ses citoyens par reconnaissance faciale et empreintes digitales mais en 2012, des défaillances avaient permis de nombreux double-votes. Pour cette année, les électeurs ont été enregistrés à l’aide de leur iris. C’est une première et là encore, financée par la communauté internationale.

« Le système politique et électoral mûrit, même si parfois l’évolution se fait dans une direction inattendue. En 2012, c’était l’une des élections les plus frauduleuses de l’histoire du pays et on craignait un retour en arrière. Mais des leçons ont été tirées. L’enregistrement oculaire s’avère très efficace. Le Somaliland a été le premier à utiliser cette technologie pour une élection. C’est une première mondiale », a ajouté Michael Walls.

700 000 électeurs ont été enregistrés. Si le pays réussit son élection, il marquera de nouveaux points en faveur de l’indépendance.

rfi

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