Thursday, April 25, 2024
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Révélation de l’un des Thiantakones : « la fosse commune était prête à accueillir Ababacar Diagne qui n’était pas mort »

Les débats d’audience ont commencé avec les auditions des accusés Cheikh Faye, Pape Ndiaye, Abdoulaye Diouf, Samba Fall, Adama Sow et Moussa Dièye, suite aux actes de barbarie qui ont conduit à la mort de Bara Sow et de Ababacar Diagne, en 2012, à Madinatoul Salam. Ces derniers ont contesté avoir porté des coups aux victimes, néanmoins, à l’exception de Cheikh Faye et de Pape Ndiaye, ils ont reconnu avoir transporté, dissimulé avant d’enterrer les corps dans une fosse commune. 

Les faits du double meurtre de Madinatoul Salam, le 22 avril 2012, font froid dans le dos. Ces actes d’une barbarie inqualifiable sont d’autant plus poignants que les images des cadavres exhumés des victimes, en l’occurrence Bara Sow et Ababacar Diagne, sont projetés à l’audience par le représentant du parquet. Des corps inertes, ensanglantés, couverts de sable, avec des traces de blessures d’une rare violence. Des blessures ouvertes, causées par des objets tranchants sur la joue de Ababacar Diagne et le front tuméfié de Bara Sow, sous l’effet des coups avec des objets contondants. Un spectacle insoutenable, qui rappelle de douloureux souvenirs aux parents et proches des victimes présents dans la salle d’audience. Cependant, si les faits de tortures et de barbaries sont avérés, leur imputabilité pose problème. En effet, la première vague d’accusés constituée de Cheikh Faye, Pape Ndiaye, Abdoulaye Diouf, Samba Fall, Adama Sow et Moussa Dièye ont tous contesté être l’auteur de ces actes de torture ayant conduit à la mort des victimes.

Le chambellan, un ancien drogué 

Interrogé en premier, Cheikh Faye, le chambellan du guide des Thiantacounes à Madinatoul Salam, révèle qu’il était dans la chambre du Cheikh en train de visionner le combat de lutte opposant Balla Gaye 2 à Yékini. C’est pourquoi, dit-il, lorsqu’il a été invité à sortir, il a cru que c’était par rapport au combat. C’est par la suite, poursuit-il, qu’il a appris que Bara Sow et son groupe étaient revenus au domicile du Cheikh. Ainsi, conformément aux injonctions de Cheikh Béthio, qui ne voulait plus de cet homme à son domicile, il a appelé la gendarmerie pour des mesures de sécurité et de prudence. Cependant, fait remarquer le juge, la logique aurait voulu qu’il aille s’enquérir de la situation, avant d’informer les pandores. «Est-ce que ce n’est pas à cause des antécédents avec Bara Sow que tu n’es pas sorti ?», interroge le juge. Non, révèle l’accusé, qui dit se conformer aux directives de son guide. En tout cas, même si le chambellan n’est pas sorti, au moment de la bagarre, il s’est rendu, dit-il, avec Cheikh Béthio, après la bagarre, pour vérifier l’attribution de certaines parcelles dans les villages alentours de Madinatoul Salam. Devant ce fait curieux, il lance à sa décharge qu’il n’avait, en ce moment, reçu aucune information relative à la mort de Bara Sow et de Ababacar Diagne. C’est le lendemain qu’il a été informé de ce double meurtre par la gendarmerie. Avant de revenir sur son degré d’implication dans ce double meurtre, le président de la Chambre criminelle a tenté de cerner la personnalité de l’accusé et chambellan de Cheikh Béthio à Madinatoul Salam. Une personnalité qui étale un passé peu glorieux de ce chambellan, né en 1969, marié à cinq épouses et père de 13 enfants. Sans sourciller, il a assumé son passé d’homme accroc à l’alcool et à la drogue. En ce temps, il était antiquaire à la recherche de «mamies» européennes sur les plages de Saly. Il s’est même marié à deux reprises avant de divorcer, dont la dernière séparation remonte à sa détention préventive. Néanmoins, depuis sa rencontre avec le Cheikh Béthio, le 8 mars 2003, il a abandonné toutes ces pratiques pour se consacrer à son guide religieux.

Abdoulaye Diouf : «on a dissimulé les cadavres … en attendant de creuser une tombe» 

L’accusé Pape Ndiaye se présente comme un talibé de Cheikh Béthio depuis 1999. Accusé d’avoir convoyé les renforts à bord de son tracteur, le jour de la bagarre, Pape Ndiaye a nié en bloc. Son coaccusé Abdoulaye Diouf, ancien étudiant à la Faculté des Sciences juridiques et politiques, avant de se convertir en ferrailleur, n’a pas froid aux yeux. Même s’il est arrivé au terme de la bagarre, il confirme à la barre qu’il avait un gourdin entre les mains. Poursuivant, il a reconnu qu’il fait partie de ceux qui ont transporté et enterré les deux corps sans vie de Bara Sow et Ababacar Diagne. «On a transporté les corps à bord de la charrette de Moussa Dièye. Nous les avons dissimulés dans un bâtiment en construction, le temps de creuser une tombe. C’est par la suite qu’on s’est rendu compte de notre erreur», indique Abdoulaye Diouf.

Samba Fall dit Massamba : «le bras de l’une des victimes trainait par terre et j’ai aidé à le redresser» 

L’autre accusé, qui a aidé à transporter les corps sans vie, c’est Samba Fall dit Massamba. «Le bras de l’une des victimes trainait par terre et j’ai aidé à le redresser. Chemin faisant, je ne pouvais plus le lâcher», lance Samba Fall, qui avait pris part à la bagarre avec une manche de pelle. Pour autant, il révèle n’avoir frappé personne. Adama Sow, interpellé par le juge, a également contesté avoir porté des coups aux victimes. Il reconnait avoir contribué à transporter et à enterrer les cadavres. «C’est l’acte le plus irréfléchi que je n’ai jamais posé», tente-t-il de se dédouaner.

Moussa Dièye s’est rendu compte de la gravité de son acte après coup… 

Le charretier Moussa Dièye estime de son côté qu’il ne jouissait pas de ses facultés de discernement lorsqu’il transportait les cadavres. C’est après coup qu’il s’est rendu compte de la gravité de son acte. Interrogé par le juge sur les raisons qui l’ont poussé à transporter les corps, il tente maladroitement de se justifier : «je croyais que les corps allaient être inhumés de façon légale», fait-il remarquer. «Tu as vu l’état des corps ? Tu sais aussi qu’on n’enterre pas un musulman de cette façon», charge le juge. Auparavant, la défense a soulevé une exception de nullité relative à l’absence du procès-verbal de perquisition et du respect du principe contradictoire lors de ladite perquisition. Une exception qui a été jointe au fond par le juge.

Moussa CISS

jotaay.net

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