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The Last Dance: «Un beau documentaire» sur Jordan et les Bulls, pour George Eddy

Publié le : 18/05/2020 – 17:36Modifié le : 18/05/2020 – 17:48

Michael Jordan, en 1998.
Michael Jordan, en 1998.  AFP PHOTO/Robert SULLIVAN

Texte par :David KalfaSuivre

Les deux derniers des dix épisodes de The Last Dance, série consacrée à la fin de parcours des Bulls de Chicago avec Michael Jordan (1997-1998), ont été diffusés ce 18 mai 2020. George Eddy, commentateur emblématique du basket-ball NBA sur Canal Plus, donne son avis sur ce documentaire hors-norme. Entretien.PUBLICITÉ

RFI : George Eddy, qu’avez-vous pensé de The Last Dance, cette série consacrée à la saga des Chicago Bulls de Michael Jordan ?

George Eddy : C’est un beau documentaire, très professionnel, avec de gros moyens. Ils ont pris des années pour mettre ça en place. Donc, le résultat est magnifique. On voit des images insolites, tournées lors de la dernière saison des Bulls avec Jordan. Chaque semaine, j’attendais avec impatience les deux prochains épisodes.

Qu’est-ce qui différencie cette série par rapport à d’autres documentaires, ouvrages ou films consacrés aux Chicago Bulls et à Michael Jordan ?

On revoit toujours un peu les mêmes choses, parce que sa carrière est archi-connue. C’est surtout le fait qu’il y avait une équipe de tournage consacrée uniquement aux Bulls, durant toute la dernière saison. Ils avaient accès aux vestiaires, tournaient des images intimes de Jordan avec son entourage proche. Des petits sourires, des petites plaisanteries ou parfois des grosses colères. On connaît toute l’histoire de Jordan et des Bulls. Mais, là, on est peut-être un peu plus dans l’intimité que dans d’autres documentaires passés.

Certains estiment que The Last Dance est trop scénarisé, trop à la gloire des Bulls et de Jordan. Bref, pas assez critique envers cette équipe et son joueur-vedette. Qu’en pensez-vous ?

Oui, il y a beaucoup de louanges. Mais on voit aussi un côté négatif concernant le comportement et la personnalité de Jordan. Un Jordan tellement obnubilé par la victoire qu’il se met la pression et qu’il met la pression à ses coéquipiers à un niveau presqu’insupportable. On y voit aussi ses problèmes avec le jeu, les paris sur les terrains de golf ou à Las Vegas.

On voit que Michael Jordan est très humain et qu’il n’est pas seulement un héros. Il a connu le divorce, l’assassinat de son père… Il n’a pas non plus eu une vie facile. Il a toujours été en train de subir la pression de la part de la presse et du public pour être à la hauteur de son image et de sa réputation. Il a vécu une vie extraordinaire, mais ça ne devait pas toujours être facile…

Une chose qui frappe l’esprit lorsqu’on regarde les premiers épisodes de The Last Dance, consacrés aux années 1980 et au début des années 1990, c’est que le basket-ball, à travers des scores assez faibles et des matches parfois violents,  était alors un sport très différent de celui qui se pratique aujourd’hui…

Oui, le style de jeu moderne est totalement différent. Dans les années 1990, les six titres des Bulls ont permis au basket-ball de devenir vraiment mondial, à travers l’image de Jordan notamment. Mais c’était parfois un basket un peu trop défensif, trop violent, à l’image des « Bad Boys » (les Pistons de Detroit) ou des Knicks de New York coachés par Pat Riley.

Des changements dans les règles, incorporés par la NBA en 2005, ont été plutôt bienvenus. Ça a relancé le jeu d’attaque et ça a surtout donné beaucoup plus d’importance aux joueurs de petite taille, ainsi qu’au tir à 3 points. Il est clair que les matches qu’on voit aujourd’hui, où la moitié des tentatives sont à 3 points, ça n’a rien à voir avec les années 1990 lorsque tout le monde allait au cercle et voulait jouer dos au panier avec un grand pivot. Bref, c’est le jeu classique du passé.

La diffusion de The Last Dance a par ailleurs relancé le sempiternel débat sur le « GOAT », le Greatest Of All Time (meilleur joueur de tous les temps, en anglais). Que pensez-vous de toutes ces discussions sans fin ?

Pour moi, c’est un peu stérile. Jordan le dit : on ne peut pas comparer les grands joueurs des différentes époques. On ne peut pas imaginer Jordan dans les années 1960. On a aussi du mal à imaginer Wilt Chamberlain et Bill Russell  aujourd’hui. Chaque star qui a dominé son époque mérite autant d’être en haut de la montagne que Jordan. Bill Russell, avec 11 titres en 13 saisons, est loin devant Jordan au niveau du nombre de sacres. Jordan, qui a gagné 6 titres en étant élu six fois meilleur joueur de la finale, me paraît quand même légèrement plus fort que LeBron James qui n’a gagné que trois titres et neuf finales. À la limite, vous comparez ce que vous voulez.

L’aura, le charisme, l’impact international de Jordan ont été inégalables. Donc, il y a plein de raisons de croire que Jordan est le plus fort de tous les temps. Mais je pense que toutes ces stars se valent.


The Last Dance : un documentaire hors-norme

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La diffusion de The Last Dance sur ESPN et Netflix s’est donc achevée ce 18 mai 2020 avec les épisodes 9 et 10. Centrés sur les deux dernières saisons (1996-1997 et 1997-1998) de Michael Jordan chez les Chicago Bulls, ils bouclent une mini-série hors-norme, consacrée à l’une des plus grandes dynasties de l’histoire des sports collectifs.

Le « casting » de The Last Dance, déjà, est exceptionnel, avec les témoignages des acteurs de l’époque, Jordan en tête, mais aussi celui d’autres gloires du basket (Magic Johnson, Larry Bird, Isiah Thomas, etc.) contre lesquels Chicago a joué. Sans parler des interventions de deux ex-présidents des États-Unis (Bill Clinton, Barack Obama) et de personnalités du sport et de la culture.

Ce qui rend également ce documentaire inestimable, c’est l’utilisation d’images d’archive rares, voire inédites de la fameuse « dernière danse » de Jordan avec les Bulls.

On peut en revanche reprocher à la saga de Jason Hehir une très grande scénarisation. En-dehors du héros, on trouve en effet un méchant (Jerry Krause, l’ancien directeur sportif des Bulls, obsédé par l’idée de dissoudre l’équipe pour la reconstruire), un sage (le coach Phil Jackson), un bras droit (Scottie Pippen), des antihéros (Dennis Rodman, Steve Kerr).

Le tout s’achève évidemment sur un « Happy End », avec un sixième sacre NBA en huit saisons, même si un Michael Jordan vieilli laisse poindre une pointe de regret, au sujet de ce deuxième départ à la retraite en pleine gloire : « C’est  frustrant, oui, parce qu’on aurait pu en gagner un septième. Je le pense vraiment. Peut-être que non, mais ne pas pouvoir essayer, ça, je ne peux pas l’accepter. »

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