Tuesday, April 16, 2024
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Le World Press Photo 2019 ravit les habitants de Medellin

mediaEntre 100 et 150 personnes se sont pressées chaque jour pour voir l’exposition World Press Photo à Medellin.RFI/Najet Benrabaa

Les villes colombiennes de Bogota et Cali avaient déjà accueilli l’exposition, mais Medellin n’avait jamais eu ce privilège. C’est chose faite. La volonté de modernisation et d’ouverture au monde a poussé le Musée d’Antioquia, celui du peintre et sculpteur le plus célèbre du pays, Fernando Botero, à faire les démarches auprès du comité du concours international.

De notre correspondante à Medellin

Deux salles sont dédiées aux différents prix internationaux. Pour l’inauguration, le 25 juillet dernier, le curateur hollandais de l’exposition, Jerzy Brinkhof, avait fait le voyage. « Nous voulions être présents à Medellin en 1965, mais c’était impossible avec le contexte. Aujourd’hui, ça l’est. Notre objectif est de faire voyager ces images et de partager les histoires au plus grand nombre. C’est également le but d’un photographe : montrer au public son travail. Les habitants de Medellin semblent réceptifs. »

En effet, le public a répondu présent, les salles ne désemplissent pas. Chaque jour, entre 100 et 150 personnes font le déplacement pour voir les lauréats du concours international. La photo de l’Américain John Moore – l’image choquante d’une petite Hondurienne pleurant, les yeux rivés sur sa mère alors qu’elle est emmenée par un agent américain à la frontière américaine – attire l’attention des visiteurs.

Photo de John Moore à la frontière américaine: une petite Hondurienne pleurant, les yeux rivés sur sa mère alors qu’elle est emmenée par un agent américain à la frontière américaine. Medellin, août 2019.RFI/Najet Benrabaa

Olga Gutierrez, native de Medellin, est ravie d’accueillir cette exposition dans sa ville. Elle a emmené ses collégiens au musée pour l’occasion. « Certaines photos me laissent sans voix. L’effet graphique est incroyable. Il y a beaucoup de violence. La photo de l’enfant blessé sur un matelas, en train de crier, m’a bouleversée. Je suis fière que ma ville accueille ce prix. C’est important pour apprendre à relativiser. Beaucoup de personnes souffrent dans le monde. »

Des photos de mères ex-FARC dans les camps colombiens

Les visiteurs sont en majorité des Colombiens. Ils viennent notamment pour voir une série de photos réalisée par la photographe franco-espagnole Catalina Martin-Chico. Son travail était centré sur les femmes ex-FARC ( les Forces armées révolutionnaires de Colombie) enceintes. Durant le conflit, cela était interdit. Avec la signature des accords de paix, les règles ont changé. L’auteur des images parle même de « Baby Boom. »

Avec ce travail photographique, nous découvrons une nouvelle facette de la vie dans la jungle des ex-combattants. Les photos ont été prises dans les derniers jours de l’existence des camps. Mauricio Castañeda, étudiant d’une vingtaine d’années, se dit surpris par ces clichés : « On ressent les émotions des personnes photographiées, leurs stress, leurs craintes. C’est très fort. Je me sens triste en regardant les photos des ex-FARC. Imaginez la peur et les difficultés pour leurs enfants ! Je n’avais pas du tout cette vision de leur combat. J’ai aussi été choquée par les images sur le thème de la drogue aux États-Unis ».

Une des photos réalisées par la photographe franco-espagnol Catalina Martin-Chico. Son travail était centré sur les femmes ex-FARC (les Forces armées révolutionnaires de Colombie) enceintes.RFI/Najet Benrabaa

Un symbole pour les photojournalistes colombiens

La présence de cette exposition à Medellin est symbolique pour la région. Pour Federico Rios Escobar, photojournaliste depuis plus de dix ans, elle représente un combat pour la liberté de la presse dans son pays. « C’est un métier avec de nombreuses difficultés. Nous vivons une époque complexe pour les photojournalistes où certains sont menacés de mort, d’autres sont déplacés et d’autres se taisent à cause de la peur. Nous avons des cas toujours en attente de jugement, depuis des années, comme celui de Jineth Bedoya Lima (enlevée, séquestrée et violées par des paramilitaires) et Claudia Julieta Duque (victime de harcèlement moral d’un ex-directeur de la sécurité nationale). Nous devons renforcer notre corporation pour faire face à tout ça. La liberté de la presse doit être une priorité, pour les journalistes, mais aussi pour les sociétés. C’est primordial de pouvoir s’informer et être informé. »

Cette exposition sert également d’impulsion pour lier davantage les photojournalistes. La directrice du musée Maria del Rosario Escobar explique « qu’une mobilisation des photographes s’est formée. Ils ont besoin de se retrouver et de parler du pouvoir de l’image et de l’art. Nous voulons d’ailleurs un programme annuel sur ces thèmes. » De fait, deux jours de conférences avec des professionnels de l’image étaient programmés les 13 et 14 août au sein du musée.

Après Medellin, l’exposition World Press Photo 2019 continue son voyage. Au total, l’exposition sera vue par plus de 4 millions de visiteurs dans 100 villes de 45 pays. Les lauréats de ce prix ont été choisis par un jury sur plus 78 801 photos soumises par 4 738 photographes de 129 pays.

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