C’était dans les tuyaux depuis quelques jours, c’est désormais officiel: Lionel Messi a reçu ce lundi soir à Paris le Ballon d’or 2019. Si le maître à jouer du Barça n’a pas réussi à s’adjuger la Ligue des champions cette année, contrairement au Liverpool de Virgil van Dijk ou Sadio Mané, l’Argentin a tout de même collectionné à titre individuel les buts et les prestations de haute volée. A 32 ans, il pourrait bien avoir pris un avantage définitif dans son duel avec Cristiano Ronaldo.
Il mesure toujours 1,70m mais n’a jamais été aussi grand. A 32 ans, Lionel Messi est entré un peu plus dans l’histoire du football, en recevant ce lundi soir à Paris, sur la scène du théâtre du Châtelet, le Ballon d’or 2019. Ce sixième sacre place désormais l’Argentin seul en tête du palmarès de la plus prestigieuse des récompenses individuelles, avec un trophée de plus que son éternel rival Cristiano Ronaldo, et trois que Johan Cruyff, Michel Platini et Marco van Basten, pourtant légendes en leur temps.
Il a triomphé de l’armada rouge
Cela faisait quatre ans que la Pulga n’avait pas mis la main sur le Ballon d’or, et sans doute plus longtemps encore que le résultat des votes n’avait pas été aussi indécis. Pour une fois, ce n’est pas une machine portugaise qui est venue semer le doute dans l’esprit des observateurs, mais une armée rouge arrivée de Liverpool. Aux yeux de nombreux fans et spécialistes, la Ligue des champions, encore plus dans une année impaire, sans Mondial ni Euro, est LE juge de paix dans la course au Ballon d’or. “Je suis le fan numéro 1 de Messi, j’admire le joueur, déclarait ainsi Steven Gerrard il y a quelques jours. Mais si on parle de consistance sur toute l’année, un joueur a remporté la Coupe d’Europe en faisant des performances incroyables. Ce joueur, c’est Virgil van Dijk, et il mérite pour moi le Ballon d’or.”
Alors pourquoi le colosse néerlandais, l’homme aux 79% de victoires avec les Reds, n’a-t-il pas réussi à redorer le blason de la confrérie des défenseurs? Pourquoi son coéquipier Sadio Mané, aussi efficace qu’exemplaire par sa débauche d’énergie, n’a-t-il pas offert à l’Afrique un premier prix? Pourquoi le Brésilien Roberto Firmino n’a-t-il pas été récompensé pour son doublé C1-Copa América? La réponse se trouve probablement dans les questions. Les joueurs de Liverpool, aussi méritants soient-ils, ont sans doute souffert de l’éparpillement des voix, alors que sept d’entre eux, si l’on ajoute Mohamed Salah, Alisson Becker, Trent Alexander-Arnold et Georginio Wijnaldum, faisaient partie des 30 nommés.
Au contraire, Messi était avec le gardien Marc-André ter Stegen le seul joueur de Barcelone invité dans la liste finale, Frenkie de Jong et Antoine Griezmann ayant plutôt été jugés sur leurs performances avec l’Ajax et l’Atlético. Et puis soyons francs: en 2019, l’Argentin a une nouvelle fois régalé le monde du football.
Un titre en Liga et des buts à la pelle
Au moment de dresser le bilan des onze derniers mois, deux taches apparaissent sur la copie de Messi: la déculottée reçue face à Liverpool en demi-finale retour de Ligue des champions (4-0), et l’incapacité, toujours, de conduire l’Argentine à un titre international. Sinon? Sinon, la Pulga a tout de même remporté avec le Barça un dixième titre en Liga et il a atteint la finale de la Coupe du Roi. Ajoutez à cela un dernier carré en C1 et une médaille de bronze à la Copa América… On a connu pire comme année noire.
A titre individuel, c’est encore mieux. En plus de finir au printemps meilleur buteur de la Liga et meilleur buteur de la Ligue des champions, le natif de Rosario est devenu le joueur ayant remporté le plus de victoires dans l’histoire du championnat espagnol en dépassant le grand Iker Casillas. De tous les joueurs offensifs favoris au Ballon d’or – difficile de juger Van Dijk sur ces critères – il a aussi été le plus décisif. Lionel Messi avec le Barça en 2019, c’est 44 matchs disputés, dont 32 victoires, pour 41 buts et 17 passes. Autrement dit, l’Argentin a été directement impliqué sur une réalisation toutes les 61 minutes sous le maillot blaugrana.
Ce qu’il faut noter, aussi, c’est que Messi a réalisé ces performances dans un Barça peu inspiré (tout est relatif) sous les ordres d’Ernesto Valverde. Une équipe au projet de jeu assez flou, qui se cherche encore, et que l’Argentin a plusieurs fois sauvée par ses fulgurances. Avant le 4-0 reçu contre Liverpool en Ligue des champions, il y avait ainsi eu la victoire 3-0 à l’aller: malmenés par la formation anglaise, les Catalans s’étaient pourtant largement imposés grâce à un doublé de leur maître à jouer, dont un superbe coup franc, domaine dans lequel il a particulièrement brillé. Le constat a encore été valable dimanche soir. Loin d’être flamboyant, Barcelone l’a emporté sur le terrain de l’Atlético (1-0) grâce à un but tardif… de Messi, évidemment.
Le coup de grâce à Ronaldo ?
La couronne ayant trouvé son roi, une question se pose désormais: avec six Ballons d’or au compteur, Lionel Messi vient-il de remporter, pour de bon, son duel à distance avec Cristiano Ronaldo? Si l’Argentin va sur ses 33 ans, le Portugais soufflera lui ses 35 bougies au mois de février. CR7 a beau défier la science et le temps, il est de fait moins efficace que par le passé. Et il sait que les occasions de rejoindre le leader du Barça au palmarès ne vont plus être très nombreuses.
Ronaldo aura peut-être une carte à jouer en 2020, si la Juventus remet enfin la main sur la Ligue des champions, 23 ans après, ou si le Portugal réalise un incroyable doublé à l’Euro. Mais avec la France et l’Allemagne sur son chemin, la chose ne sera pas aisée. Après cela, la nouvelle génération, celle des Kylian Mbappé, Frenkie de Jong ou Joao Felix, devrait commencer à sérieusement mettre la pression. Car si ces garçons-là veulent marcher sur les traces des deux monstres, il ne va pas falloir chômer…