Jacob Zuma n’a pas annoncé sa démission et maintient qu’il n’a rien fait de mal. Il l’a répété en direct à la télévision nationale sur SABC. Selon le chef de l’Etat sud-africain, dos au mur, appelé à partir, l’appel de son parti le Congrès national africain (ANC) à sa démission est « injuste ». Il a également annoncé qu’il fera une déclaration officielle dans la journée.
C’est un président calme mais en colère qui s’est exprimé en début d’après-midi le 14 février pendant environ 45 minutes sur SABC. « Au cours des discussions, il est devenu clair que les gens disaient : “Zuma doit partir”. Ce n’est pas nouveau. Cela a été dit à plusieurs reprises toute l’année. Mais ces gens-là n’ont jamais donné leur raison. C’est pour cela que je trouve très bizarre que mon organisation me dise : “Maintenant, tu dois partir”, en ne suivant aucune procédure de l’ANC », a déclaré Jacob Zuma en direct. « C’est très injuste que ce sujet soit soulevé en permanence », a ajouté le chef d’Etat sud-africain.
Après un appel officiel à la démission, hier, le Congrès national africain (ANC), passe à la vitesse supérieure. Face au silence de Jacob Zuma, le parti au pouvoir a décidé d’utiliser les grands moyens. « Il est devenu très clair pour les dirigeants de l’ANC que nous ne pouvons plus attendre au-delà d’aujourd’hui. Nous ne pouvons pas faire attendre les Sud-Africains. Si le président Zuma répond, il répondra. Mais nous, nous ne pouvons plus attendre », a déclaré le trésorier de l’ANC, Paul Mashatile.
Huit motions de défiance
Les propos du président à la télévision nationale interviennent alors que ce matin l’ANC lui a posé un ultimatum : soit il démissionne d’ici demain matin, soit les députés ANC voteront en faveur d’une motion défiance contre le chef de l’état, demain après midi au Parlement.
Cette motion de défiance contre le chef de l’Etat a été déposée au Congrès par l’ANC ce matin. Elle sera débattue demain jeudi 15 février. Jacob Zuma a déjà survécu à huit motions de défiance grâce à son parti qui possède 249 sièges sur 400 au Parlement.
Jacob Zuma semble chercher à gagner du temps. Après des semaines de tractations, de rumeurs, de flottement, beaucoup de Sud-Africains commencent à s’impatienter sérieusement.
Perquisition chez les Gupta
Par ailleurs, la police anti-corruption a mené le 14 février au matin un raid dans la luxueuse maison de la famille indienne Gupta à Johannesburg, à l’aube. Trois personnes ont été arrêtées, dont un des frères Gupta. Cette riche famille d’homme d’affaires, amis du président Jacob Zuma, est accusée d’avoir profité de ses liens avec le chef de l’Etat pour s’enrichir frauduleusement avec la complicité du président. Ils sont au cœur d’une enquête pour détournement et trafic d’influence.
Tous les analystes politiques s’accordent à le dire : cette opération policière est un avertissement pour le chef de l’Etat. Il n’est plus protégé comme il l’était dans le passé par son parti. Sa famille pourrait être inquiétée. Le fils du président, Duduzane Zuma, dirige d’ailleurs plusieurs sociétés appartenant aux Guptas.
rfi