Monday, December 2, 2024
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Afrique du Sud: le président Zuma interrogé par “Mme anti-corruption”

Le président sud-africain Jacob Zuma a été longuement interrogé jeudi, dans le cadre d’une retentissante affaire de corruption présumée à la tête de l’Etat, par la médiatrice de la République dont le mandat s’achève le 15 octobre.

“Thuli Madonsela a rencontré jeudi à Pretoria le président Jacob Zuma dans le cadre de son enquête sur l’implication supposée de la famille Gupta dans le limogeage et la nomination de ministres et de membres de conseils d’administration d’entreprises publiques”, a indiqué son bureau dans un communiqué.

L’interrogatoire, d’une durée de quatre heures, a été “cordial”, a précisé le texte.

Cette affaire empoisonne le président Zuma depuis des mois.

Membres d’une famille d’affaires d’origine indienne, les Gupta sont soupçonnés d’exercer une forte influence sur le chef de l’Etat. Des membres du parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC), les ont accusés d’être intervenus dans l’attribution de postes ministériels, ce que la présidence a formellement démenti.

M. Zuma a cependant reconnu être un ami des Gupta, dont le vaste empire s’étend dans les secteurs des mines, de l’ingénierie, des technologies, des médias et de l’immobilier.

L’enquête de Mme Madonsela porte aussi sur le rôle qu’auraient joué les Gupta “dans l’attribution de marchés publics et de permis à des entreprises auxquels ils sont liés”, selon son bureau.

Lors de l’interrogatoire de jeudi, les avocats de M. Zuma ont plaidé ne pas avoir eu assez de temps pour se préparer et obtenu que leur client réponde plus tard par écrit au bureau du médiateur, a précisé le communiqué.

De son côté, la future médiatrice, Busisiwe Mkhwebane, qui prendra ses fonctions le 15 octobre, a laissé entendre jeudi que les affaires de corruption à la tête de l’Etat ne seraient pas sa priorité.

– ‘Mensonges’ –

Dans un entretien diffusé sur la chaîne publique SABC, elle a annoncé qu’elle s’intéresserait avant tout aux “personnes sans électricité, sans eau chaude (…) plutôt qu’à l’influence exercée sur l’Etat” par des milieux d’affaires.

“Oui, c’est important de se pencher sur le sujet (de la corruption), mais je pense que je donnerai la priorité aux citoyens de base”, a ajouté cette avocate de 46 ans.

Mme Mkhwebane a été officiellement nommée jeudi par M. Zuma au poste de médiatrice, au terme d’un long et transparent processus de recrutement mené par le Parlement.

Elle occupait jusqu’à présent un poste d’analyste au ministère de la Sécurité de l’Etat.

Elle a été accusée par l’opposition d’avoir opéré comme une espionne au service de l’Afrique du Sud lorsqu’elle était en poste en Chine, ce qu’elle a formellement démenti dans son entretien à la SABC. “Ce sont des mensonges”, a-t-elle affirmé.

Cette avocate, mère célibataire à l’âge de 17 ans, a aussi travaillé comme procureure et enquêtrice auprès du bureau du médiateur.

Sa prédécesseure, la pugnace Thuli Madonsela, s’est illustrée en obtenant du président Zuma qu’il rembourse une partie de l’argent public utilisé dans sa propriété privée de Nkandla (est) pour des travaux considérés comme relevant de son confort personnel.

En septembre, le chef de l’Etat a rendu 7,8 millions de rands (480.000 euros) au Trésor, après une décision de justice fondée sur un rapport accablant de la médiatrice.

Dans le communiqué annonçant la nomination de sa successeure, M. Zuma a “remercié” jeudi Mme Madonsela pour ses “bons et loyaux services”.

Chargé de veiller au bon usage des deniers publics, le médiateur dispose de pouvoirs d’investigation indépendants de la justice mais de moyens financiers jugés limités.

Afp

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