Amnesty International a appelé jeudi les autorités algériennes à cesser “immédiatement” leur “harcèlement judiciaire systématique” envers les journalistes du pays, en réaction à de récentes peines de prison ferme prononcées à leur encontre.
Reporters sans frontières (RSF) avait également appelé mercredi les autorités algériennes à cesser toute “répression de la liberté de la presse” et à “revenir au respect du droit, de la Constitution et des engagements internationaux du pays”.
“Des journalistes ont récemment été emprisonnés pour avoir partagé des vidéos, critiqué le président et exprimé leur soutien aux mouvements de protestation”, déclare dans un communiqué Amna Guellali, une responsable d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, selon qui “les autorités algériennes sont prêtes à tout pour faire taire les critiques”.
Dénonçant de “lourdes peines” et “un contexte de répression croissant”, l’ONG internationale leur demande de “cesser le harcèlement judiciaire systématique des journalistes et de respecter le droit à l’information en levant le blocage de sites d’information”.
“Au lieu d’intimider les journalistes, les autorités algériennes doivent veiller à ce que tous les journalistes du pays puissent exercer leur métier sans être intimidés, harcelés ou menacés d’arrestation”, dit encore Mme Guellali.
Le journaliste Khaled Drareni, directeur du site d’information en ligne Casbah Tribune et correspondant en Algérie de la chaîne de télévision française Tv5 Monde et de RSF, a été condamné le 10 août à trois ans de prison ferme pour “incitation à un attroupement non armé” et “atteinte à l’unité nationale”.
Il était poursuivi pour sa couverture le 7 mars à Alger d’une manifestation antirégime, et son procès en appel est prévu le 8 septembre.
Lundi, Abdelkrim Zeghileche, directeur d’une radio indépendante en ligne, a aussi été condamné à deux ans de prison ferme, pour “atteinte à l’unité nationale” ainsi que pour “outrage au chef de l’Etat”.
Ces sentences ont choqué au sein de la profession, en Algérie et au-delà.
Au total, Amnesty évoque dans son communiqué l’incarcération “d’au moins huit journalistes” depuis le début du “Hirak”, le mouvement de contestation du régime, en février 2019.
En outre, plusieurs sites d’informations sont de façon récurrente l’objet de blocages sur le territoire algérien. Actuellement, “deux sites d’information indépendants sont inaccessibles”, selon RSF.
L’Algérie figure à la 146e place (sur 180) du classement mondial de la liberté de la presse 2020 établi par Reporters sans frontières. Elle a dégringolé de 27 places par rapport à 2015.
Afp