Après Bamako ce dimanche 9 octobre, la chancelière allemande Angela Merkel est attendue à Niamey ce lundi matin 10 octobre. C’est sa première visite au Niger depuis qu’elle est chancelière. Radioscopie et attentes des Nigériens de cette visite.
C’est le chef de l’Etat Mahamadou Issoufou en personne qui accueillera la chancelière allemande dès l’atterrissage de son vol spécial en provenance de Bamako. Dans la grande salle du Conseil des ministres, les attentes des autorités de Niamey seront dévoilées à la chancelière.
Il y a quatre domaines prioritaires, dit le ministre des Affaires étrangères, la décentralisation et la bonne gouvernance, l’agriculture et la sécurité alimentaire, la santé et l’éducation primaire. Angela Merkel se rendra d’ailleurs dans une école primaire de Niamey pour constater de visu la matérialisation de cette coopération.
Le défi des migrants
Deux autres grands défis : la sécurité et la migration clandestine seront à l’agenda des deux premiers responsables de l’Allemagne et du Niger. Le Niger est un pays de transit pour la migration entre l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique Centrale et l’Afrique du Nord.
Selon les statistiques de l’OIM-Niger, entre 80 000 et 120 000 migrants transiteraient par le Niger en 2016. L’ambition de Niamey est de réduire au maximum le flux de migrations en direction de l’Europe, a déclaré le ministre de l’Intérieur.
Depuis le sommet de La Valette entre l’UE et l’Afrique sur la migration, beaucoup d’efforts ont été faits par le Niger en trois mois d’opération dans le désert, trois véhicules transportant des migrants ont été confisqués, 47 chauffeurs et passeurs ont été arrêtés et plus d’un millier de migrants ont été récupérés en plein Sahara.
Un projet de base militaire allemande
L’Allemagne va construire au Niger une base militaire pour soutenir ses soldats déployés sous Casques bleus au Mali. La France et les Etats-Unis disposent déjà de bases militaires au Niger pour lutter contre les jihadistes du Sahel, notamment entre la Libye et le Mali, deux voisins du Niger.
La position centrale du Niger permet aussi de garder un œil sur le Nigeria où sévit toujours Boko Haram. La France est présente en permanence au Niger avec 450 hommes à Niamey, plus au moins 200 hommes à Madama, ainsi que de petits détachements de forces spéciales, car le Niger est un carrefour, au cœur de la bande sahélo-saharienne.
Depuis le début de la décennie, l’armée américaine est présente au Niger ; la France également. Leurs bases de drones Reapers sont situées côte à côte à Niamey. Leur rayon d’action permet d’atteindre la frontière libyenne au Nord, mais aussi le Nigeria au Sud, pour lutter contre les groupes jihadistes sahéliens et contre Boko Haram. A Arlit se trouve un détachement de forces spéciales françaises, à Agadez les Etats-Unis construisent une nouvelle base de drones, une piste en dur à Dirkou plus au Nord et une base avancée à Madama, à proximité de la Libye. Au Sud, c’est le terrain de Diffa, avant-poste de la guerre contre Boko Haram.
Le Niger, un nœud logistique
Mais pour l’opération Barkhane, le Niger c’est aussi et surtout un nœud logistique important : 7 500 militaires s’y sont croisés en 2015 et 10 000 tonnes de matériel y ont été acheminées par la route l’an dernier.
La route jusqu’au Mali est goudronnée, facilitant le ravitaillement de la base de Gao, avec un temps de trajet d’une journée en camion, 1h30 en avion de transport.
A ce stade, l’Allemagne assure que son projet de base au Niger viendra en appui à la mission de la Minusma, à laquelle l’Allemagne participe depuis Gao. Un déploiement total annoncé à 650 hommes, au Mali. Il faut les ravitailler et assurer les relèves. La base française qui jouxte l’aéroport de Niamey permet d’accueillir des avions civils ou des avions de transport Transall, ou A400M qu’ils soient d’ailleurs Français ou Allemands.
rfi