Avec la sortie d’Addicted to you, entre soul, hip hop et jazz, Ben, séparé de son pseudo “L’Oncle Soul”, a misé sur un nouveau modèle de composition d’album : un processus participatif, où interviennent de nombreux musiciens. Explications.
Voilà dix ans que Ben L’Oncle Soul illumine l’Hexagone de ses chansons soul, de son groove efficace et millimétré, de son élégant déhanché, de son look délicieusement vintage. Pourtant, après quatre ans de tournée, à la suite de son disque hommage à Frank Sinatra (Under my skin, 2016), le garçon souhaitait tourner une page, écrire un nouveau chapitre….
Désormais, exit “L’Oncle Soul”. Appelez-le Ben. Tout court. Il s’en explique : “Je voulais sortir de ma panoplie bretelles-nœud papillon-chapeau. Mon personnage et mon pseudonyme étaient trop associés à Soul man. Après ce tube, j’ai composé plein d’albums, avec des évolutions artistiques fortes au long de ma carrière. Chacune de mes chansons avait, selon moi, un tempérament, une ligne… Mais aucune d’elle, ni aucun de mes albums, n’a réussi, hélas, à être vraiment médiatisé. Nos tubes sont nos meilleurs amis, autant que nos pires ennemis. Ils nous apportent la popularité mais érigent aussi un rempart entre notre public et notre production future. Surtout, je n’avais pas envie de tomber dans une parodie de moi-même…”
300 propositions reçues en trois jours
Pour s’éloigner plus encore de lui-même, Ben a aussi décidé de chambouler complètement son processus de création d’album. Pour ouvrir grand ses horizons, il a décidé de lancer un appel à morceaux sur les réseaux sociaux. “C’était comme une sorte de ‘jeu concours’, raconte-t-il aujourd’hui. En trois jours, on a reçu plus de 300 propositions. Elles débarquaient de contrées lointaines, comme de Toronto, ou de juste à côté de chez moi… Je connaissais même certains des musiciens qui m’ont envoyé leur production.”
En un temps record, le chanteur choisit, parmi cette manne, ses coups de cœur, ceux qui conviennent le mieux à son art et à sa voix. “En fait, il s’agit presque d’un retour à ma façon de procéder quand j’étais jeune, analyse-t-il. J’ai commencé dans le milieu du hip hop, entouré de beatmakers. Dans le rap, quand les gars te balancent un son, il est déjà fini. Tu n’as plus qu’à poser dessus. Je suis revenu à un truc très frais, ultra-spontané.”
Bien sûr, à ses titres envoyés par les artistes, Ben a intégré sa matière première, son ADN, aménagé quelques arrangements… Et si l’épine dorsale, portée par son chant au grain si reconnaissable, reste définitivement soul, s’enroulent aussi, autour de ses mélodies couleurs sépia, tout un tas d’univers musicaux hétéroclites, du hip hop au reggae, en passant par quelques touches de jazz.
Un Bordelais, deux Marseillais, un Torontois
Ainsi, une foule se croise sur ses morceaux. Il y a Twigg, jeune héros de la scène électro de Toronto ; le Bordelais Bastien Cabezon, batteur remarqué aux côtés du soulman Theo Lawrence, et “petit génie de la production” selon Ben ; Gunnar Ellwanger du groupe de folk parisien Gunwood ; et aussi le guitariste Thomas Broussard… Et puis, parmi les quelques invités du disque, on entend la voix ensorceleuse de la chanteuse malaise Yuna, remarquée auprès de Usher ; Akhenaton et Shurik’n de IAM qui posent leur rap punchy de Marseillais sur All my life ; et enfin le Jamaïcain Samory I, qui ajoute ses ingrédients reggae au titre Call me.
“Ce disque, c’est un peu un retour à mes kiffs d’ado”, confie Ben. Et en effet, ses pistes sonnent comme une belle réunion de potes passionnés de musique, qui font vibrer les sons vintage, en les agrémentant de sonorités modernes.
En gros, Addicted to you n’offre rien de bien nouveau sous le soleil, mais s’impose comme un disque de belle facture, pour claquer des doigts et onduler des hanches…
Ben Addicted to you (Decca) 2020
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