Au Bénin, une loi votée par les députés le 28 décembre supprime le droit de grève aux personnels de la santé, de la justice, de la sécurité. Les syndicats sont hostiles et se mobilisent. C’est le grand débat dans ce pays, pionnier de la démocratie en Afrique.
Satisfaction de la majorité, courroux de l’opposition et des organisations syndicales. Ceux qui sont contre la loi parlent tous de « régression ». Le plus dur est Adolphe Houssou, la voix des syndicats de la santé. Il s’en prend aux députés de la majorité : « Je dis bien, les députés du président Patrice Talon ont voté une loi pour supprimer la grève en violant l’article 31 de la Constitution béninoise qui nous confère ce droit. C’est grave. »
Oui, c’est notre rôle, on l’a fait et on l’assume, rétorque le député Abdoulaye Gounou de la majorité et vice-président de la commission des lois. « Vous imaginez un député de l’opposition introduire une telle proposition de loi ? Non. Aucun député de l’opposition dans aucun pays du monde ne le ferait. »
L’exercice du droit de grève dans les secteurs dits sensibles est parfois lourd de conséquences, justifie Abdoulaye Gounou : « Chaque Etat sait quel est son secteur le plus sensible. La santé, la justice, la sécurité sont des domaines où le service ne saurait être discontinu au sein des conventions de l’Organisation internationale du travail. »
Adolphe Houssou conteste et renvoie aux textes du bureau international du travail (BIT). « Même si dans un secteur dit essentiel on veut supprimer le droit de grève, les textes du Bureau international du travail ont été clairs en disant qu’on doit chercher des mesures compensatoires. »
Les magistrats et les syndicats tiennent assemblées générales ce jeudi et samedi. Ils dévoileront leur plan de bataille : la grève et/ou le recours devant la Cour constitutionnelle.
rfi