La Centrafrique, qui peine à émerger du chaos des troubles civils, a vécu une journée entre guerre et paix mercredi avec de nouvelles violences meurtrières et une main tendue du tout nouveau cardinal nommé par le pape aux musulmans de Bangui.
Entre six et neuf personnes sont mortes mercredi à Kaga Bandoro (centre) dans des affrontements qui ont également fait 17 blessés graves, d’après des sources sécuritaires.
A l’origine: quatre miliciens ex-séléka ont tenté de voler le groupe électrogène d’une radio locale (radio Kaga). Après la mort de l’un des leurs dans cet incident, ils ont lancé des représailles.
“Nous avons une situation de crise à Kaga-Bandoro à l’issue d’un braquage qui s’est soldé par le meurtre d’une personne apparemment de confession musulmane qui serait un ex-séléka. A partir de ce moment, il y a eu un dérapage. Les ex-séléka ont décidé d’entreprendre des actions de représailles, mais (notre) force est sur le terrain”, a témoigné Renner Onana, chef de Bureau de la mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca) à Kaga-Bandoro, cité par le site de la radio Ndeke Luka.
La Minusca avait annoncé fin septembre un renforcement de ses positions à Kaga Bandoro après de précédentes violences.
Ce même mercredi, le premier cardinal centrafricain de l’histoire, l’archevêque de Bangui Mgr Dieudonné Nzapalainga, a marché pour “la paix” vers le quartier musulman de la capitale Bangui, a constaté un correspondant de l’AFP.
“Que personne ne nous divise. Nous voulons la paix pour l’avenir de notre pays”, a déclaré le cardinal, accompagnés de milliers de personnes de confession chrétienne et musulmane.
La semaine dernière, l’assassinat d’un officier dans le quartier musulman du PK5 de Bangui avait provoqué un cycle de représailles visant notamment des peuls musulmans. Ces violences ont coûté la vie à onze personnes.
Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, doit se rendre à Bangui les 30 et 31 octobre pour annoncer officiellement la fin de l’opération militaire Sangaris, déployée par la France en décembre 2013 pour stopper les massacres intercommunautaires.
A cette date, le renversement de l’ex-président François Bozizé par les séléka (“coalition” en langue sango) à dominante musulmane avait provoqué la contre-offensive des milices anti-balaka majoritairement chrétiennes. Bilan: des milliers de morts et des centaines de milliers de réfugiés/déplacés dans ce pays pauvre de 4,5 millions d’habitants.
Les groupes armés menacent toujours la paix en Centrafrique malgré la présence des 12.000 hommes de la Minusca, qui a permis l’élection dans le calme en début d’année du président Faustin-Archange Touadéra.
Le président Touadéra a de nouveau appelé ces groupes à déposer les armes mercredi lors d’un comité de suivi du programme de démobilisation dit “DDRR”.
Afp