L’étudiant a expliqué que vendredi soir après son retour de l’école vers 21h30, il a entendu des coups de feu tirés en l’air, et plus tard remarqué que les assaillants étaient entrés dans l’école.
“Tout le monde est sorti et nous avons couru le long du mur. Après avoir escaladé le mur, ils allumaient des lumières et nous disaient de revenir”, déclaré le collégien.
Selon lui, c’est à ce moment-là qu’ils se sont retournés et sont revenus vers l’établissement scolaire, pensant que les hommes étaient des agents de sécurité, mais ont réalisé plus tard que ce n’était pas le cas.
Combien d’entre vous ont été kidnappés?
«Après que nous ayons été emmenés dans la forêt, l’un d’eux nous a ordonné de nous arrêter, il nous a compté avant de nous dire de poursuivre notre chemin», a expliqué le jeune homme, dont le nom n’a pas été divulgué.
Il a dit que lorsqu’ils ont été dénombrés, il a été constaté qu’ils étaient au nombre de 520.
“Nous marchions dans la brousse et ils nous poussaient et nous battaient. Nous avons passé la nuit à marcher, 30 minutes avant l’aube, on nous a dit de nous reposer”, a-t-il raconté.
Comment t’es-tu échappé?
L’étudiant a affirmé à BBC Hausa: “Quand ils nous ont dit de nous asseoir, je me suis penché un peu en arrière. J’ai trouvé un arbre et je leur ai tourné le dos. Je me suis allongé et j’ai redressé les jambes.”
“Après que tout le monde soit parti, j’ai rampé et tout en surveillant autour de moi jusqu’à ce que j’entre dans la ville”, a-t-il dit.
Pour le jeune homme, Dieu l’a sauvé des mains des ravisseurs car même si Dieu peut aider une personne à échapper aux mains de ces gens, vous ne savez pas où aller parce que c’est la forêt partout.
L’étudiant a fait ce témoignage alors que les autorités ont déclaré que les forces de sécurité locales traquaient les hommes armés dans le but de sauver les autres étudiants enlevés.
Le gouverneur de l’État de Katsina, Aminu Bello Masari, a déclaré que 333 étudiants étaient toujours détenus par les militants.
Garba Shehu, un porte-parole du président nigérian, a certifié à la BBC que plusieurs élèves avaient fui, affirmant que seuls 10 s’étaient échappés.
Selon lui, les enfants qui se sont échappés des mains des assaillants auraient dit que seuls 10 enfants étaient détenus par les ravisseurs, soit moins que le nombre d’élèves identifiés par les enseignants de l’école.
“Certains des élèves qui ont fui ont dit que 10 enfants étaient retenus en otage par les hommes armés”, selon lui.
Cependant, le président Buhari a été critiqué par les Nigérians qui pensent qu’il aurait dû se rendre lui-même à Kankara pour voir ce qui s’est passé au lieu d’envoyer des représentants du gouvernement alors qu’il se trouve actuellement dans l’État de Katsina.
“Buhari ne dirige pas le Nigeria”
Selon le militant Kabiru Dakata, l’absence du président Buhari donne du crédit aux affirmations de certains selon lesquelles il ne dirige pas le Nigéria.
“Les membres de l’équipe qu’il a envoyé pour le représenter sont ceux qui auraient dû assurer la sécurité, ce sont eux dont les Nigérians se plaignent qu’ils restent en poste, et aujourd’hui des centaines d’étudiants ont été enlevés. Et les mêmes personnes ont été envoyées pour rassurer les parents que leurs enfants seront retrouvés », reproche M. Dakata.
Selon lui, cela confirme que le président Buhari n’est pas en charge des affaires du pays.
“Il est facile de sauver des étudiants”
Mais le ministre nigérian de la Défense, Bashir Salihi-Magashi, a assuré que les étudiants seraient bientôt secourus.
Magashi a donné cette assurance dimanche, lorsqu’il a dirigé une délégation du gouvernement fédéral auprès du gouverneur de l’État de Katsina, Aminu Masari.
Il a promis que les forces de sécurité travaillaient dur pour assurer leur libération.
“Jusqu’à présent, le commissaire de police, le commandant de l’armée de la zone de Zamfara, les chefs du DSS, l’armée de l’air et d’autres responsables de la sécurité nous tiennent au courant des derniers développements.”
“Nous devons savoir comment ce qui s’est passé il y a deux jours et nous croyons que d’après les informations qu’ils nous ont fournies, il sera facile pour nous de les libérer”.
“Nous avons une stratégie et je pense que nous pouvons les sauver sans faire du mal à la population de l’État de Katsina. Nous avons des données personnelles, des données, où ils se trouvent, leurs mouvements et la façon dont ils gèrent leurs opérations. Le travail des militaires et de la police est facilité”, a-t-il ajouté.
Quelle est la situation des parents des élèves?
Pendant ce temps, les parents des étudiants enlevés continuent d’exhorter les autorités à faire tout leur possible pour sauver leurs enfants, qui n’ont pas pu fuir les ravisseurs.
Le père de deux étudiants nous a dit que depuis l’incident, ils sont en état de choc “parce qu’à chaque fois que votre enfant est porté disparu, vous avez des ennuis, il vaut mieux le compter pour mort”.
Il a dit que la mère des enfants était très bouleversée même s’ils avaient tout remis entre les mains de Dieu.
Mais ce qui a également choqué l’opinion c’est la façon dont les parents des enfants qui s’étaient rassemblés à l’école ont été dispersés par les forces de sécurité, en utilisant du gaz lacrymogène.
Certains citoyens ont condamné, cet incident, ainsi que le parti PDP qui a qualifié cette décision de malheureuse.
“On vous frappe et on vous empêche de pleurer”, a déclaré le PDP.
Le gouverneur de l’État de Katsina, Aminu Bello Masari, qui a visité l’école samedi, a ordonné la fermeture de tous les internats publics.
Il a assuré que la police, l’armée et les forces de sécurité oeuvraient pour retrouver les étudiants et les sauver.
bbc