En Inde, le confinement de la population ralentit les exportations de riz. Les expéditions vers l’Afrique prennent du retard, à mesure que l’offre asiatique se resserre.
Le Vietnam, troisième fournisseur mondial de riz, avait déjà décidé de contingenter ses exportations il y a une semaine, pour préserver ses stocks, face à l’épidémie de coronavirus.
En Inde, premier exportateur au monde, pas de quotas ni d’embargo, mais une logistique totalement désorganisée par un confinement imposé jusqu’au 21 avril. Même si les restrictions d’activité ne visent pas la chaîne agro-alimentaire, les camions circulent mal, la main-d’œuvre est moins nombreuse dans les rizeries censées décortiquer le paddy et dans les ports pour charger le riz blanchi sur les bateaux.
Les services administratifs ne délivrent plus les documents en temps voulu, témoigne Mamadou Ciss, d’Alliance Commodities. Selon ce négociant les exportations indiennes auraient été divisées par trois, alors que les stocks de l’Inde regorgent de riz paddy.
Vietnam, Inde, Pakistan, Birmanie diminuent leur offre de riz
D’autres pays asiatiques ralentissent les embarquements de riz. Le Pakistan subit les mêmes problèmes logistiques que l’Inde. La Birmanie exige, c’est nouveau, des licences d’exportation et son administration n’en accorde plus, constate Jean-Pierre Brun, négociant français.
Bref, il n’y a pratiquement plus que la Thaïlande qui fournisse régulièrement du riz. Le prix du 5% brisure thaïlandais, qui fait référence au niveau mondial, s’est naturellement envolé, passant de 410 dollars la tonne à 600 en trois semaines.
Le riz chinois, pas encore alternative suffisante pour les pays d’Afrique
L’Afrique dispose encore de stocks de riz mais les autorités des pays importateurs se préparent pour la suite.C’est ce qu’observe une autre source du négoce. Pas de panique mais les gouvernements africains s’informent sur les alternatives puisque l’on va rater un cycle de commande, qui dure une cinquantaine de jours entre les ports asiatiques et les ports africains. La Chine est un fournisseur potentiel avec ses stocks de riz rond adapté au goût pour les brisures de riz de certains pays d’Afrique de l’Ouest. Et elle reprend ses exportations après les avoir ralenti en février-mars.
Mais pour l’instant, au même rythme qu’avant l’épidémie. De la montée en puissance ou non des ventes chinoises, du retour plus ou moins rapide de l’Inde et du Vietnam dépendra l’évolution future des cours.