L’Ethiopie “ne veut pas de guerre” avec le Soudan, a affirmé mardi le Premier ministre Abiy Ahmed, alors que les tensions entre les deux pays se sont aggravées ces derniers mois dans la région frontalière d’Al-Fashaga.
“L’Ethiopie a de nombreux problèmes, et nous ne sommes pas disposés à nous battre. Nous n’avons pas besoin de guerre. Il vaut mieux régler cela de manière pacifique”, a déclaré M. Abiy devant le Parlement.
“Nous ne voulons pas la guerre”, a-t-il ensuite ajouté, qualifiant le Soudan voisin de “pays frère”.
Un contentieux frontalier oppose depuis plusieurs décennies le Soudan et l’Ethiopie dans la vaste région d’Al-Fashaga, zone agricole de 1,2 million d’hectares où se rejoignent les régions d’Amhara et du Tigré, dans le Nord de l’Éthiopie, et l’État de Gedaref, dans l’Est du Soudan.
Pendant plus de deux décennies, des milliers de cultivateurs éthiopiens se sont installés dans la région, pratiquant l’agriculture et payant des impôts à l’Etat éthiopien.
Au fil des années, Khartoum et Addis Abeba ont tenu, sans succès, des pourparlers visant à obtenir une démarcation claire de la frontière.
Le déclenchement en novembre dernier du conflit au Tigré, opposant les autorités fédérales éthiopiennes au gouvernement régional, a provoqué la fuite de plus de 60.000 Ethiopiens vers le Soudan voisin.
Le Soudan a depuis envoyé des troupes dans la région d’Al-Fashaga afin de “reconquérir les territoires volés et prendre position sur les frontières internationales”, ont rapporté les médias officiels soudanais.
En décembre, Khartoum a envoyé des renforts en arguant que des “forces et milices éthiopiennes” avaient tendu des embuscades à l’armée soudanaise, tuant au moins quatre soldats.
Une série d’accrochages mortels s’est ensuivi, les deux camps s’accusant de violences et de violations territoriales. Le Soudan a annoncé avoir repris le contrôle d’une grande partie de la région.
De son côté, l’Ethiopie a accusé Khartoum d’avoir “envahi des territoires” qui lui appartiennent, agitant la menace d’une réponse militaire.
Ces tensions sont venues s’ajouter au conflit qui oppose les deux pays, ainsi que l’Egypte, depuis une dizaine d’années au sujet du barrage de la Renaissance, un projet gigantesque et controversé construit par l’Ethiopie sur le Nil Bleu.
Afp