Dirigeant survivant de l’époque des partis uniques, Denis Sassou Nguesso a été réélu dès le premier tour à la tête du Congo-Brazzaville, avec 88,57% des voix, selon les résultats provisoires de la Commission électorale, annoncés mardi par le ministre de l’Intérieur.
M. Sassou Nguesso, 77 ans dont 36 au pouvoir, distance très largement son principal rival, Guy-Brice Parfait Kolélas, décédé lundi (7,84%), d’après ces mêmes résultats qui peuvent faire l’objet d’un recours devant la Cour constitutionnelle. La participation au scrutin de dimanche s’est établie à 67,55%.
L’opposant Mathias Dzon (1,90% des voix) a annoncé lundi son intention de déposer un recours pour demander l’annulation du premier tour qu’il qualifie de “calamiteux”.
En valeur absolue, le président, arrivé pour la première fois au pouvoir en 1979, obtient 1.552.948 voix. Quatre autres candidats font des scores anecdotiques.
“Pourquoi un tel résultat stalinien?”, s’interrogeait mardi matin auprès de l’AFP un responsable gouvernemental, sous couvert d’anonymat.
En 2016, M. Sassou Nguesso avait été réélu dès le premier tour avec 60% des voix, devançant largement Guy-Brice Parfait Kolélas, crédité de 15%, à l’issue d’une campagne bien plus disputée que le millésime 2021.
Sans incident, et sans passion non plus, la campagne aura été marquée par l’omniprésence de M. Sassou, qui a placé en tête de ses priorités la paix, la jeunesse, et le développement de l’agriculture pour sortir du tout-pétrole et de la dépendance aux importations.
L’élection a surtout été marquée par la mort lundi matin de Guy-Brice Parfait Kolélas, 61 ans, à son arrivée en France où il avait été transféré en avion médicalisé après avoir développé une forme grave du Covid-19.
Principal parti d’opposition, l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (UDAPS) avait choisi de ne pas présenter de candidat.
– Négocier avec le FMI –
“C’est dans un climat de paix que la campagne électorale s’est déroulée. Je crois que ceci est un bon signe pour notre démocratie”, s’était félicité dimanche Denis Sassou Nguesso, après avoir voté à Brazzaville. “Je souhaite que le processus se poursuive ainsi jusqu’à son terme”.
Internet a été coupé dimanche au matin du scrutin. Les 55.000 à 60.000 membres des forces de sécurité avaient voté en avance jeudi, nourrissant des suspicions de fraude dans l’opposition.
La priorité du président sortant va être désormais de renouer avec le Fonds monétaire international (FMI). En crise, le Congo-Brazzaville est endetté envers la Chine et les traders pétroliers Glencore et Trafigura.
Brazzaville doit relancer l’accord conclu en juillet 2019 avec le FMI avec le soutien de la France.
Cet accord prévoyait le versement de 448,6 millions de dollars en plusieurs tranches au Congo-Brazzaville. Une seule tranche a été versée, en raison de la dette de Brazzaville envers les traders pétroliers, qui ont prêté au régime des fonds remboursables en barils de pétrole.
Le président Sassou Nguesso, qui obtient sa quatrième réélection depuis 2002, pourra encore briguer un nouveau mandat en 2026, selon la révision constitutionnelle qu’il a fait adopter en 2015.
Battu par Pascal Lissouba en 1992 à l’issue de très rares élections pluralistes en Afrique centrale, l’ancien colonel parachutiste est revenu au pouvoir en 1997 au prix d’une guerre civile contre M. Lissouba, avec notamment le soutien de l’Angola, sur fond de rivalité autour des carrés pétroliers de Pointe-Noire.
Il s’agit de sa quatrième réélection depuis 2002. En 2015, il a fait modifier la Constitution pour faire sauter le verrou des deux mandats.
Afp