Près d’un an et demi après sa propre réélection contestée, le président du Congo-Brazzaville Denis Sassou-Nguesso devrait de nouveau disposer d’une majorité confortable à l’Assemblée aux termes du second tour des élections législatives dimanche, marquées par quelques incidents et le report du scrutin dans neuf circonscriptions de la région du Pool.
Les résultats du second tour ne seront connus que dans quelques jours, dans ce pays pétrolier de 4,5 millions d’habitants. Le Parti congolais du travail (PCT) du président avait déjà remporté 72 sièges sur 151 au premier tour le 16 juillet, contre sept pour l’Union des démocrates et humanistes (UDH-Yuki) de Guy-Brice Parfait Kolélas et trois pour l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (Upads).
Dimanche soir, le dépouillement dans un grand bureau de Brazzaville donnait 362 votants sur 999 inscrits, avec 251 voix pour le candidat du PCT et 103 pour son adversaire, et huit bulletins nuls, a constaté un correspondant de l’AFP.
Dans ce quartier de Poto-Poto, tout comme celui d’Ouenzé, l’opposition a accusé des militaires d’avoir voté frauduleusement pour le compte du PCT.
A Poto Poto, les forces de l’ordre ont tiré en l’air pour disperser des manifestants qui avaient jeté des pierres sur des militaires, selon un habitant et un chef de bureau de vote.
A Ouenzé, le candidat d’opposition s’est retiré, ses proches accusant les militaires d’avoir voté en treillis sans produire les deux pièces nécessaires pour voter.
“Pour l’avoir dénoncé, au moins cinq de nos militants ont été passés à tabac”, a accusé auprès de l’AFP Flore Anique Mbemba, suppléant du candidat indépendant Marien Ikama, qui s’est retiré face au candidat du PCT au pouvoir Dominique Ondzé.
“Les militaires qui ont voté étaient tous régulièrement inscrits”, a déclaré Jean Bayabi, chef du bureau de vote.
“Dans un scrutin, il ne manque jamais d’excités. Nous en avons eu aujourd’hui à Ouenzé et Poto-Poto. Nous avons réussi à régler (les problèmes) et le vote s’est clôturé normalement”, a commenté pour l’AFP le président de la Commission nationale électorale indépendante (CNEI), Henri Bouka, évoquant des sanctions “contre ceux qui ont violé la loi”.
“On dénonce des fraudes électorales par ci, par là. C’est une farce électorale. Les conditions de transparence n’étaient pas là. Ce ne sont pas des élections de nature à cimenter notre démocratie”, a réagi le directeur exécutif de l’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH), Trésor Nzila.
Les autorités avaient reporté les deux tours du scrutin dans neuf des quatorze circonscriptions électorales du Pool (sud), région proche de Brazzaville qui a replongé dans la violence depuis la réélection contestée de M. Sassou Nguesso, 73 ans, dont 33 ans au pouvoir au total.
Le gouvernement accuse l’ancien chef rebelle Frédéric Bintsamou, alias Pasteur Ntumi, et ses combattants “Ninjas” de commettre des exactions sur les populations. Au total 138.000 personnes sont en détresse dans ces régions, selon le gouvernement et l’ONU. Les ONG dénoncent “une répression à huis clos”.
Malgré tout, le scrutin s’est déroulé sans heurts apparents dans les trois circonscriptions qui restaient à pourvoir, selon les autorités contactées par l’AFP.
“Dans quelques instants, les bureaux vont se refermer. Et tous les rapports qui nous parviennent indiquent que les choses se passent correctement”, indiquait en fin d’après-midi le président de la Comission nationale électorale indépendante (CNEI).
La France avait appelé Brazzaville à “rétablir rapidement les conditions qui permettront la tenue des élections dans toutes les circonscriptions concernées”.
“L’objectif est de tenir les élections dans ces circonscriptions du Pool dans les délais raisonnables, mais pour y arriver il faut un niveau de sécurité suffisant”, avait répondu cette semaine le ministre de la Communication, Thierry Moungalla.
Afp