Il ne manquait que cette image débilitante, sous les regards interloqués du monde entier. Ce devait etre l’heure de notre pays. Elle en a fait son affaire.
The Marieme Moment ! Au milieu d’une foule de laudateurs, les derniers à avoir le cœur et le courage de lui chanter fleurette. Il y a là l’incontournable Mame Gor Diazaka, artiste sans art autre que de rôder autour d’elle, ou de son mari. Camouflée quelque part, la Rangou, osant plus tard s’afficher en peignoir, nouvelle égérie d’un régime en déliquescence, chargée de promouvoir la thèse inflammable d’un nouveau mandat présidentiel pour un pouvoiriste, aux aguets, prêt à mettre le pays dans un climat de guerre civile s’il n’est pas freiné dès maintenant.
Tous les troubadours du pays sont de la virée, à bord d’un avion national de plaisance qui a emmené les fêtards.
On voit, maigrichon, Johnson Mbengue, que l’on imaginait gagné par la sagesse avec ses vidéos dévastatrices dont on jase de partout. Il se trouve juste près du commandant en chef qui n’aime que se retrouver avec ses pisteurs dans sa traque de gazelles. Où est l’Etat profond ? Nulle part.
En camisole couleur verte, sur une poitrine qui livre ses atours, lunettes vissées sur le nez, cheveux bouclés, le centre de l’attention de la petite foule réunie dans le hall d’un hôtel où la chambre, dit-on, revient à plus de 600 mille franc CFA, la nuitée. C’est la vedette. Marième Faye Sall se sent dans un océan d’extase.
Son mari, patoche perdu en ces lieux où il est pourtant venu pour «vendre» les atouts du Sénégal à l’exposition universelle de Dubaï semble plutôt se suffire du folklore national, sans relief, qu’il voit et entend assommer oreilles et yeux alentour, sonnés des tonalités de ces bruits de zinc.
Le refrain fait frémir. «Tout ira», Leppay Bakh, en woolof, ose une voix, ne réalisant même pas que, ce faisant, elle traduit l’état de panique de l’héroïne dont les angoisses sont à fleur de peau.
Qu’est-ce qui ne va donc pas pour qu’on tente de la rassurer ?
Ses laudateurs n’en n’ont cure. Se servir sur l’animal qui a peur, tel est leur projet.
Leurs éloges, du même tonneau, fusent. «Faye Birame Penda Wagane», s’exclame un autre courtisan, déclinant les termes de la chanson généalogique de sa cible. «Tu n’auras que du bien», débite, bête, quelqu’un dont les neurones sont gelées à la case bêtisiers du Sénégal. Marième Faye Sall ne se tient plus après qu’un dernier membre de sa chorale improvisée lui sert : «c’est pour toi que nous sommes là, «yaaniouko djaral», tu en vaux la peine».
Ses mains se mettent alors à applaudir pendant que, possédée, son corps agité, une griotte, hurle sur un micro amplificateur de fortune. Elle est en transes. Ses bras vont dans tous les sens. Elle se tortille. Son corps s’incline vers celle dont elle est venue faire le panégyrique.
La scène est devenue virale, depuis le 13 Octobre, qui a fini de projeter le Sénégal en terre folklorique, incapable de sérier l’essentiel de l’accessoire, du dérisoire.
Ce devait être un moment pour lui de briller, d’étonner, à la face du monde, comme l’avait promis le plus qu’égocentrique, par ailleurs détourneur de deniers publics estampillé, l’inénarrable Dr. Malick Diop, commissaire de notre pays à cette grande foire que le monde guette pour affirmer ses ambitions, dévoiler ses inventions, se faire respecter des autres.
Ce jour était censé être celui du Sénégal pour s’illustrer à ce rendez-vous majeur où la planète entière s’expose et se positionne dans la compétition institutionnelle, étatique, et entrepreneuriale.
Il est malheureusement resté dans la postérité pour une autre raison parce que celle qu’on appelle la première dame y a encore fait des siennes.
Telle qu’en elle-même. On se souvient qu’elle avait fait venir au Palais de la République un orchestre pour un «leumbeul», une de ces soirées salaces où son manque de classe notoire s’était donné à voir sous les cris stridents, repoussants, d’un animateur, batteur de tamtam.
Sa proximité excessive avec un scribe du pouvoir avait ébahi le pays entier, sous les fracas vocaux de l’insulteur suprême du pouvoir marron-beige, Cisse-Lo, qui n’avait pas craint d’employer un langage indigne d’être repris.
En réalité, on sait tous que rien de ce qui est folklorique n’est étranger à Madame. En partant de sa démarche à la «Sénégalaise», en «Jongoma», comme pour attirer les regards ; l’encens dont elle revendique l’entrée au cœur de la République ; les perles et cure-dents, vétilles du dévergondage ; et l’incapacité à se tenir calme dès qu’un son de musique résonne dans son entourage. Elle est too-much, trop, euppeul !
Parfois, elle se risque à la mise en œuvre de politiques publiques personnalisées. Notamment quand elle imagine qu’il est de son devoir d’aller récurer les toilettes de quelque déshéritée famille banlieusarde, sans réaliser l’humiliation qu’elle laisse sur ses pas. Derrière elle, une professeur d’université, faite dame de compagnie, dont les étudiants voient leurs thèses en souffrance, lui sert de porte sacoche.
Folklorique jusqu’au bout des ongles elle se mêle des choses de l’Etat, comme lorsqu’elle offrit d’intervenir pour me faire libérer de prison : à quoi non seulement ma réponse fut sans appel, autant que celle d’une de mes parente kaolackoise, très courageuse, qui menaça même de se désengager de la campagne contre ma détention arbitraire si elle s’y impliquait.
Au four et au moulin, son horizon n’a pas de limites. Elle veut toucher à tout. Sur tout et rien, on trouve la patte de Marième Faye Sall, qui ne semble ni connaître son rôle ni ses limites. Son exubérance au cœur de l’Etat en fait le point faible. Elle est le ventre mou par où passent magouilleurs et flagorneurs pour atteindre les intérêts vitaux de la nation et défendre les leurs, privés, égoïstement. Qui a oublié que des ministres ont revendiqué leurs nominations grâce à elle, et d’autres cadres installés à des postes stratégiques n’ont qu’un pédigrée : être de son «Mbootaay», sa cohorte.
Son langage envers ses proches courtisans qu’elle appele partenaires, ses sorties intempestives, pour jouer à Dame Teresa, et surtout son absence de retenue, mais d’abord son implication dans l’attribution de marchés exorbitants, sans oublier son omniprésence débordante dans les familles religieuses où elle joue un rôle de marraine sont autant de raisons qui font regretter la sobriété des deux premières dames du pays, Mesdames Senghor et Diouf, ou la capacité de viser des axes stratégiques, autour de la santé ou de la promotion de la femme rurale, que l’on connaissait de Mme Wade, celle qu’elle a remplacée.
En un mot, Marième Faye Sall, la brouillonne, est plus qu’une équation, un casse-tête.
A Dubaï, elle fut une honte. Ailleurs, son prisme à vouloir toucher à tout la pousse jusqu’à jouer à la petite espionne, championne masquée pour s’employer à influencer les familles des critiques de son mari.
C’est ainsi qu’une loufoque, parente par alliance, reçut, en son nom, d’un motard de la gendarmerie une enveloppe après qu’elle se soit épanchée sur mon compte auprès d’elle sans rien connaître de ce que je suis ni fais.
On se souvient de ses bouillies et autres plats sénégalais qu’elle servait ostentatoirement au Palais de la République pour que nul n’en ignore.
Neuf ans après son entrée dans ce saint des saints, ne mesurant pas ses limites, elle ne peut être exonérée du bordel général qui fait du Sénégal un pays en perte d’attractivité. Par l’incurie et le pillage du pays imputables à son mari
Le malheur, c’est que, la pauvre, ne sait pas qu’elle ne sait rien.
Qui va lui dire l’état lamentable de la nation et la gravité des défis qui l’interpellent ? Qui pour qu’elle sache qu’un Etat ne peut se réduire à des séances d’exorcisme, fussent-elles menées au diable, notamment à Dubaï ? Qui va lui rappeler les insoutenables conséquences des ravages humains que produit l’incapacité de son mari à gouverner le pays, à faire les bons choix stratégiques, ou encore à sortir les Sénégalais de la faim, du chômage, de la précarité sanitaire, de l’insécurité, de l’injustice ou de la corruption endémique qu’il organise ? Qui va lui dire de s’effacer, de se calmer, de faire l’effort de mesurer la profondeur de la faillite nationale, sans précédent, que vit la nation ? Est-elle apte à se ressaisir? Elle déjà trop fait de dégâts.
Il est temps qu’elle s’arrête. La conjoncture le demande. Ne s’en rend-elle pas compte: ous les signaux sont au rouge! Festoyer, c’est insulter un peuple aux abois…
L’Etat ploie sous le poids de son endettement. Son budget est insincère. Et tout se déglingue sous nos yeux. Les prix du gaz et pétrole, ceux des loyers, des denrées alimentaires, du transport, aussi, et le ciel s’assombrit davantage avec l’hypothèque désormais plantée, tel un verrou, sur les grands projets du pays, de l’autoroute Ila-Todjeh, non-rentable ; un TER-Arlequin, après avoir avalé 2000 milliards cfa, à perte ; une cité du futur de Diamniadio promise à être un cimetière de gaspillages et corruptions ; des projets pétro-gaziers, sources de toutes les magouilles, et qui s’effondrent par manque de prudence et de vision dans leur définition.
Marième Faye Sall, tu n’avais pas vocation à être un sujet de débat. Quand ton mari me t’a présentée, alors que le goujat t’avait laissée en classe économique avec ta fille, bébé de deux ans à l’époque, pour lui se trouver en classe affaires, tu m’étais apparue comme une fille sage. Quelques temps après, sur un autre vol, j’avais pu mesurer ton humour, tes éclats de rires, autour de l’attitude de ton homme rentré peu avant de Rotterdam où il m’avait suivi. Il ne t’avait pas dit qu’il avait été passé par l’épreuve du bizutage dans un salon de massage, de beauté, et plus, au point qu’il en était sorti avec un seul mot : asbounalah !
Marième, pardon, calme-toi : le Sénégal est très fâché contre la représentation que tu as donnée de lui à l’exposition universelle. L’histoire aussi.
Personne d’autre que toi ne porte la bourde de cette folklorique séance à Dubai. Le monde ne parle que de ça, de l’ultime frasque de l’ancienne tresseuse d’Harlem, à New York, sous le regard de son mari, revenu de son job de fraudeur de cartes telephoniques dans la grosse pomme, la capitale economique des USA.
Leur bana-banalisation duale de notre pays ne peut surprendre quiconque connait ce duo qui casse tout sur sa route. Et d’abord ce pays, sous leurs genoux.
Adama Gaye* est un ancien détenu politique, illégalement arrêté au Sénégal pendant 53 jours.
sunuafrikradio