Sexe et politique : deux ingrédients qui garantissent une présence sur le Net. Mais quand on y ajoute la religion, c’est le buzz assuré ! L’histoire se passe au Maroc, où un homme et une femme ont été arrêtés dans une voiture lors d’ébats intimes.
Problème : ils ne sont pas mariés, dans un pays où les relations sexuelles hors mariage sont punies par la loi. Cerise sur le gâteau, ce sont des responsables de l’aile religieuse du parti islamiste au pouvoir. Un article de Joan Longuépée.
Moulay Omar Benhammad et Fatima Nejjar, la presse et la Toile, les ont aussitôt surnommés les « amants du MUR ». MUR pour Mouvement unicité et réforme, le bras idéologique du parti islamiste au pouvoir au Maroc, le PJD. Moulay Omar Benhammad et Fatima Nejjar en sont les deux vice-présidents, ou plutôt l’étaient, puisqu’ils ont depuis cette affaire été remplacés.
Tout commence le 20 août dernier quand le couple est arrêté en flagrant délit d’adultère, dans une voiture garée devant une plage. Depuis, l’affaire fait le tour du Net. On a vu fleurir les portraits des deux amants : elle, Fatima Nejjar, 62 ans, veuve et mère de six enfants. Lui, 63 ans, marié, père de sept enfants, professeur, docteur en études islamiques. Il s’était fait remarquer en émettant une fatwa interdisant les échanges de mots d’amour sur FaceBook.
« Faites ce que je dis, pas ce que je fais »
Et vu le profil des deux amants, l’affaire a été très largement commentée ! Twitter s’est d’ailleurs beaucoup amusé de ce « faites ce que je dis pas ce que je fais », ou encore du « film X 100 % islamiste ». Gros succès d’audience également sur Youtube pour les vidéos des prêches où Fatima Nejjar appelait des étudiantes à « ne pas céder au vice », et expliquait aussi que les regards et les rires des femmes pouvaient être considérés comme des actes de « fornication » quand ils s’adressaient aux hommes.
Mais cette affaire ne fait pas rire tout le monde, surtout en période pré-électorale, puisque les législatives sont prévues dans un peu plus d’un mois. Des proches du PJD au pouvoir et du MUR, cités par le site Le Desk, dénoncent un complot. La police judiciaire s’est d’ailleurs fendue d’un communiqué pour expliquer que l’arrestation s’est faite par hasard. Commentaire d’un twittos : « Je ne sais pas pourquoi on parle d’affaire privée dans le cas des amants du MUR. C’est une affaire politique. »
Jusqu’à deux ans de prison pour adultère
Une affaire surtout judiciaire, car les amants déjà exclus de leur mouvement risquent maintenant une condamnation en justice. Les sites de Telquel et du Huffington Post Maroc rappellent ce que dit le code pénal : jusqu’à deux ans de prison pour adultère ; un mois à deux ans pour outrage public à la pudeur, car comme le rappelle un avocat, « une voiture qui se trouve dans un endroit public devient un endroit public ». Et enfin un mois à un an de prison pour des relations sexuelles hors mariage. D’ailleurs, l’affaire des amants islamistes a relancé sur le Net le débat sur la dépénalisation des relations extra-conjugales !
RFI