Thursday, March 28, 2024
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Dilma Rousseff écartée de la présidence du Brésil par le Sénat fédéral

Jeudi 12 mai, par une majorité de 55 voix contre 22, les sénateurs brésiliens se sont prononcés pour l’ouverture d’un procès en destitution à l’encontre de la présidente Dilma Rousseff, accusée d’avoir manipulé les comptes publics pour faciliter sa réélection en 2014. En attendant, la chef d’Etat est désormais suspendue de ses fonctions. Son vice-président Michel Temer va la remplacer.

Le Sénat fédéral a entériné la décision prise avant lui par le Congrès des députés, d’ouvrir à son encontre un procès en destitution, une première au Brésil depuis 1992. Les sénateurs n’avaient besoin que d’une majorité simple de 41 élus, mais cette décision a été largement approuvée au sein de la chambre haute du Parlement. Le vote a été sans appel, rapporte notre envoyé spécial Achim Lippold, avec 55 sénateurs favorables à la destitution et 22 contre.

La séance marathon – dix-huit heures d’affilée avec seulement deux petites pauses- s’est terminée sur un discours très émouvant de José Eduardo Cardozo, l’avocat de Dilma Rousseff, qui a pris encore une fois la défense de la présidente – de sa présidente – comme il l’a dit. Vous condamnez une femme innocente, a-t-il lancé aux sénateurs, dont certains lui ont répondu avec des rires sarcastiques. Le ton général était cependant plus civilisé que lors du vote à l’Assemblée, rapporte notre envoyé spécial.

Dernier bain de foule pour Dilma Rousseff

La présidente sera donc écartée du pouvoir pendant au maximum 180 jours mais auparavant, d’ici la fin de la journée, elle prendra peut-être une dernière fois la parole en tant que présidente en exercice. Elle devrait insister sur l’illégalité de la procédure, la qualifiant encore une fois de coup d’Etat. Ensuite elle rejoindra ses partisans, les militants du PT, pour un dernier bain de foule, avant de se retirer dans la résidence présidentielle, le Palais de l’Alvorada, où elle restera en attendant l’issue du procès de destitution qui vient donc de s’ouvrir il y a quelques instants. Elle bénéficiera d’une petite équipe de conseillers et son salaire pourrait être réduit. C’est la deuxième fois d’ailleurs, depuis le retour de la démocratie, qu’un président brésilien fait l’objet d’une procédure de destitution mais le règlement, qui date de 1950, ne précise pas quel est le cadre règlementaire de vie président destitué. Celui-ci fait l’objet de discussions entre l’équipe du président destitué et le tribunal ad hoc.

Après le procès de Mme Rousseff interviendra un second vote du Sénat fédéral, à la majorité des deux tiers cette fois-ci (54 voix), pour entériner définitivement une éventuelle destitution de la présidente. En attendant, même si on ne connaît pas encore la date du procès, une chose est sûre : la présidente va devoir rendre des comptes. C’est un peu la fin d’une époque, celle du Parti des travailleurs au pouvoir.

Femme de gauche, fidèle lieutenant puis héritière politique du président Lula da Silva, mais aussi ancienne résistante torturée et incarcérée sous la dictature, Dilma Rousseff a été élue en 2010 puis réélue en 2014 à la tête du Brésil. Son second mandat aurait dû s’achever le 31 décembre 2018. Mais si la destitution devient définitive, ce qui est désormais possible, alors le vice-président restera au pouvoir jusqu’aux prochaines échéances électorales

Michel Temer, président brésilien jusqu’à nouvel ordre

En attendant, ledit vice-président Michel Temer, un centriste longtemps allié à la présidente avant de lui tourner le dos – Dilma Rousseff l’accuse d’avoir participé à un coup d’Etat -, va assurer l’intérim à la tête du pays.

Il pourrait annoncer ce jeudi la composition de son gouvernement. Henrique Meirelles, ancien président de la Banque centrale, est pressenti aux Finances. Blairo Maggi, l’un des plus gros producteurs brésiliens de soja, à l’Agriculture. Car indépendemment de l’affaire des comptes publics, l’opposition reproche à Mme Rousseff la récession, le chômage, l’inflation… « Aujourd’hui, nous essayons de surmonter cette situation en révoquant ce gouvernement irresponsable. Nous n’avons pas d’alternative », a lancé ce jeudi le sénateur Maggi.

Des sondages d’opinion récents ont montré qu’une écrasante majorité de Brésiliens souhaitaient que Dilma Rousseff soit destituée. Devant le Sénat, des milliers de partisans de la destitution se sont d’ailleurs réunis pour exprimer leur joie ce jeudi, tandis que la police utilisait des gaz lacrymogènes pour disperser les soutiens de la présidente. Mais c’est toute l’élite politique brésilienne, empêtrée dans de multiples affaires de corruption, qui se retrouve désormais devant un immense défi : se reconstruire une image, désastreuse à l’heure actuelle.

rfi

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