La mendicité des enfants, dénoncée par plusieurs acteurs, a été à l’origine de mesures fermes qui avaient conduit au retrait de cette cible vulnérable de la rue.
À l’instar de certains parmi ces acteurs qui ont pris des positions variées sur la question, Dr Massamba Guèye Koki, chercheur en traditions orales à l’Université de Dakar a, lui, déploré cette forme de mendicité des enfants qu’il assimile à une exploitation qui ne dit pas son nom. Pur produit de daara (école coranique), pour avoir fait ses humanités à l’Institut islamique de Koki, une localité située dans la région de Louga, il a confié que la mendicité telle que pratiquée aujourd’hui, à Dakar, a perdu sa vocation initiale.
« Un enfant ne doit pas mendier. Je suis systématiquement contre la mendicité financière surtout dans les villes où les enlèvements sont possibles, où l’immensité de la rue ne permet pas de contrôler les enfants. Il faut qu’on arrête systématiquement de livrer les enfants à une exploitation financière. La mendicité ne peut pas dépasser la mendicité alimentaire », a confié Dr Guèye, en marge de la première journée de rencontre des cadres et sympathisants de Koki. Une rencontre qui selon le porte-parole de l’Amicale des élèves et étudiants de ladite localité (Aeek) a été initiée, ce samedi 30 juillet 2016 à Dakar, pour demander des pistes de réflexion à même d’amorcer le développement de leur terroir.
Conseiller technique à la présidence de la République, Dr Massamba Guèye en veut aux parents qui confient leurs enfants à un maître coranique et qui ne lui apportent pas les moyens pour sa survie. « Ceux qui livrent leurs enfants à un maître coranique et qui lui tournent le dos sont des parents qui n’aident pas les daaras. On ne peut pas livrer l’éducation de son enfant à quelqu’un et ne pas contribuer. Ici en ville, quand on met un enfant à l’école, on paye 10 000 F CFA par mois. Pourquoi quand on le met au daara, les moyens ne suivent-ils pas ? Il faut que les parents contribuent financièrement à l’éducation de leurs enfants, sinon, c’est une sorte de lâcheté », dit-il.
Pour lui, « la position du gouvernement est très claire. Aujourd’hui la loi d’orientation sociale appliquée permettrait de régler beaucoup de choses. Il y a des gens qui doivent mendier parce qu’ils sont atteints d’incapacité physique. Il y a des gens qui ne sont pas des mendiants alors qu’ils sont handicapés. La mendicité est quelque chose de réglementaire dans les religions, maintenant, si ceux qui ont de l’argent aident à temps, ceux qui n’en ont pas, ils ne sortiront pas dans la rue pour tendre la main. C’est à se demander, est-ce que nous sommes suffisamment solidaires au Sénégal. Je pense qu’il y a un manque de solidarité et que c’est ça qui accentue la mendicité », ajoute M. Gueye qui précise que la mendicité, telle qu’il l’a pratiquée, à Koki, dans l’institut, l’a formé à être humble.
Auteur: Youssoupha MINE – Seneweb.com