Monday, December 2, 2024
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Ethiopie: le choc après les échauffourées meurtrières du week-end

Au lendemain de la bousculade meurtrière qui a coûté la vie, dimanche, à plusieurs dizaines de personnes lors d’un festival oromo, en Ethiopie, le gouvernement a décrété trois jours de deuil national. Officiellement, au moins 55 personnes sont mortes étouffées ou noyées au cours d’un mouvement de foule qui aurait été provoqué par des échauffourées entre la police et des manifestants. Et ce matin, les Ethiopiens se sont réveillés sous le choc.

Ce lundi matin, dans la capitale Addis-Abeba, on parlait essentiellement du terrible bilan du festival Irreecha, la fête la plus importante de la nation oromo, et qui rassemble chaque année une foule impressionnante autour de chansons et de prières. Comment une telle tragédie a-t-elle pu se produire ? C’est la question, en tout cas, qui occupe les éditorialistes des quelques journaux de la capitale, selon l’un d’eux contacté par RFI ce lundi matin.

Même parmi les partisans du gouvernement, on ne cache pas sa tristesse, bien sûr, mais surtout son incompréhension devant ce qui semble être un manquement cruel des forces de sécurité. De son côté, le gouvernement fédéral se veut à la hauteur du choc : il a décrété trois jours de deuil national. Les radios FM diffusent surtout de la musique. Et le Premier ministre, dans une déclaration télévisée, a fait part de sa peine pour les victimes, tout en dénonçant les « forces du désordre » qui ont, selon lui, causé le mouvement de panique.

Sa cible ce sont bien sûr les nationalistes oromos, et notamment le Front de libération oromo, basé en Erythrée, qu’il accuse de manipuler les manifestants, et ce depuis près d’un an : la région a été régulièrement le théâtre de manifestations contre la marginalisation de cette nation, des manifestations réprimées dans le sang par le gouvernement qu’il dirige.

Un drame charnière

Pour la rédactrice en chef du mensuel indépendant Addis Standard, Tsedale Lemma, plus rien ne sera comme avant après cet incident. « Cet événement marque un moment charnière, et ce pour plusieurs raisons, explique-t-elle : la première, c’est que ce festival est un pélerinage hautement sacré pour les Oromos. Et il s’était déroulé pacifiquement dans le passé, sous le gouvernement actuel, mais aussi pendant les années les plus noires traversées par le peuple oromo. L’autre raison tient au contexte de l’année qui vient de s’écouler. Cet événement est le point culminant de ces derniers onze mois. Nous savions que le gouvernement ne serait plus jamais le même, depuis le premier jour de manifestation des Oromos, et la preuve est faite maintenant que tout a changé. La question à laquelle il nous reste à répondre est : où est-ce que la situation actuelle va nous conduire ? C’est ce sur quoi nous travaillons aujourd’hui et c’est ce que nous essayons de comprendre. »

rfi

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