La question de l’assassinat des experts de l’ONU s’est invitée au conseil de sécurité hier, avec une interpellation sans précédent des Etats-Unis envers le gouvernement de la RDC. L’ambassadrice américaine Nikki Haley a dévoilé avoir remis au président Joseph Kabila en main propre une liste de suspects dans le meurtre de deux experts de l’ONU en mars 20187 et s’est publiquement inquiétée que depuis octobre aucune de ces personnes n’ait été interpellée. Pour le porte-parole du gouvernement congolais Lambert Mende, il faut laisser le temps à la justice de statuer sur le cas de ces personnes.
“Le président de la République, qui est à la tête du pouvoir exécutif, n’a pas pour charge de poursuivre. Le président ne peut qu’avoir transmis cette liste à la cour militaire qui est en train de siéger sans désemparer sur tous les crimes qui ont été commis au Kasaï, y compris les crimes commis contre les deux enquêteurs des Nations unies. Je sais qu’il y a une impatience de la part aussi bien des familles congolaises que des familles américaines ou suédoises, mais le temps de la justice, c’est le temps de la justice. Il faut laisser faire la justice faire son travail et donc je ne comprends pas cette impatience. Il est quasi-certain que [le président] l’a transmis [la liste] aux autorités judiciaires.”
Hier, l’ambassadrice américaine à l’ONU Nikki Haley dénonçait l’inaction de Joseph Kabila.
Le 12 mars 2017, l’Américain Michael Sharp et la Suédoise Zaida Catalan étaient tués au Kasai Central, assassinat imputé par le gouvernement congolais à des miliciens Kamuina Nsapu, du nom de ce chef coutumier qui s’était révolté contre l’autorité de l’Etat.
Une enquête de RFI et Reuters avait révélé que des agents de l’Etat étaient impliqués dans l’organisation de la mission qui a coûté la vie aux deux experts onusiens.
Pour la Suède, également concernée aussi par ce double meurtre, l’important, c’est de s’assurer que le procureur Robert Petit et les experts nommés par le secrétaire général de l’ONU pour suivre l’enquête congolaise puissent être « autorisés à travailler et à rendre compte de manière indépendante ». Un avocat avait dénoncé sur RFI le fait que les principaux témoins et suspects étaient déplacés dans la capitale congolaise chaque fois que l’équipe du procureur Petit demandait à pouvoir les interroger.
rfi