“Le Congo nourrit la planète musicale”, se réjouit auprès de l’AFP Fally Ipupa, vedette internationale de RDC, témoin privilégié du rayonnement des mélodies africaines dans les musiques urbaines, cette “lumière” que rien n’arrête.
Son nom résonne au-delà du cortège des suiveurs (son clip “Eloko Oyo” cumule 70 millions de vues sur sa chaîne YouTube, “Bad Boy”, avec Aya Nakamura, 64 millions). Le 28 février, les images d’une colonne de fumée au-dessus de la gare de Lyon, à Paris, ont fait le tour des télévisions. Des incendies survenus en marge d’un de ses concerts, à Bercy.
Derrière ces incidents, figurent des opposants au pouvoir congolais installés en Europe, accusant notamment Kinshasa de passivité face aux tueries à Beni, dans l’est de la RDC, et taxant Ipupa de proximité avec les autorités du pays.
Ce dont la star s’est toujours défendue. “Je n’ai jamais chanté pour aucun chef d’Etat congolais, c’était leur show (aux manifestants) mais ils m’ont rendu un peu célèbre en France”, commente le quadragénaire qui sort ce vendredi un nouvel album, “Tokooos II” (Elektra/Warner).
– “L’Aigle du Congo” –
“Je n’aime pas parler de politique, je suis avant tout un artiste de divertissement”, souligne-t-il derrière ses lunettes à verre fumé. Même s’il rappelle quelques engagements: “la chanson +Stop à la guerre+ (en RDC), ma collaboration avec Youssou N’Dour et Salif Keïta pour le documentaire (produit) par Leonardo DiCaprio, +Virunga+ (parc national congolais classé au patrimoine de l’Unesco)”.
“Si (les manifestants) disent +on voulait faire du tapage pour faire passer un message+, là, on commence à parler français (rires), mais personne n’a compris”. En RDC, cette démonstration de force n’a en effet trouvé aucun relais. “C’est un mauvais combat mené de la mauvaise manière contre les mauvaises personnes”, avait notamment taclé le mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha), peu tendre avec le pouvoir.
Cette année encore, le natif de Kinshasa apparaît dans le top 50 des personnalités les plus influentes du continent africain, établi par le média Jeune Afrique (en 45e position). “L’Aigle du Congo”, un de ses surnoms, est “connu pour son engagement en faveur des victimes de violences sexuelles dans son pays natal (et) s’est impliqué dans la lutte contre la pandémie de Covid-19”, par le biais de la fondation qui porte son nom, entre autres, rappelle JA.
– “Lingafran” –
“Chaque année, les aigles perdent leurs plumes et en voient de nouvelles pousser. La mue de Fally est permanente”, poursuit Jeune Afrique, filant la métaphore pour décrire son parcours. Ipupa fait partie de ces passeurs qui ont injecté des harmonies traditionnelles africaines – notamment la rumba congolaise – dans la variété internationale grand public, devenant une des voix et un des visages de l’afropop.
“Rien ne peut empêcher la force de la lumière”, dit-il au sujet de l’influence des musiques de son continent dans la pop d’aujourd’hui. Et de développer: “Je savais que ça allait arriver, que des artistes américains demanderaient des collaborations avec des artistes du Congo, du Nigeria, de Côte d’Ivoire, je le sentais. Quand on (se produisait) pour les BET, les Grammy, les artistes américains étaient surpris. On a encore du chemin à faire mais le respect commence à s’installer”.
“Né artiste” – “ça dansait et chantait à l’église, à la maison, j’ai joué des congas, un peu de guitare, ma soeur a essayé de chanter un peu de gospel, ma défunte mère chantait à l’église, mon père aimait écouter de la musique” – Ipupa a digéré les influences congolaises et celles made in USA, comme Snoop Dogg, Michael Jackson ou Marvin Gaye. Et a inventé un style, mêlant lingala (langue bantoue de RDC), anglais et français. Il a un nom pour ça, le “Lingafran”.
Afp