Après cinq semaines d’audiences, le procès de Khalifa Sall s’est terminé ce vendredi 23 février à Dakar. L’affaire a été mise en délibéré, et le verdict sera rendu le 30 mars.
Le parquet a requis sept ans de prison et 5,5 milliards de francs CFA d’amende à l’encontre du député maire de la capitale sénégalaise, soupçonné de détournements de deniers publics. Les avocats de Khalifa Sall ont eux demandé la relaxe et la remise en liberté rapidement de leur client. Comme le veut le droit, Khalifa Sall a été autorisé à s’exprimer en dernier en début de soirée vendredi.
Menés avec brio par le juge Lamotte, les débats ont été de haut niveau jusqu’aux derniers mots.
Toutes les parties le reconnaissent, notamment la défense : ce procès a été équilibré. Pour le procureur comme pour les avocats de l’Etat, les audiences et les interrogatoires à la barre ont démontré qu’il y a bien eu détournements de deniers publics. Que Khalifa Sall est donc coupable. « C’est au tribunal de décider. Mais en ce qui nous concerne nous, Etat du Sénégal, nous avons suffisamment apporté les éléments qui montrent que Khalifa et ses collaborateurs ont commis les infractions qui leur sont reprochées. »
Une ligne de défense constante pour Sall
Vendredi, la défense a repris un par un les arguments de la partie adverse. Pour les avocats, aucune infraction n’a été commise. Il n’y a eu ni faux, ni escroquerie, ni détournements, car les fonds mis à disposition de Khalifa Sall étaient politiques. Le député maire a lui réaffirmé qu’il n’avait jamais détourné un franc. Pour maître Khassimou Toure, il est donc innocent. « Cela a été grandement et amplement démontré à la barre. Parce que toutes les pièces à conviction, toutes les preuves ont été apportées. Nos clients sont innocents. »
Si ses avocats ont débattu du droit, Khalifa Sall a conservé tout au long des audiences la même ligne de défense. « Ce procès est politique », a répété sans cesse le député-maire. Et c’est donc avec une déclaration politique qu’il a bouclé son procès. En affirmant dans un premier temps qu’il n’avait jamais détourné d’argent : « Dans toutes mes fonctions politiques, je n’ai jamais eu un quelconque reproche. » Khalifa Sall a réaffirmé ensuite son statut d’homme d’Etat : « C’est la raison pour laquelle je reste au service des Sénégalais. Je leur redis mon engagement, ma disponibilité, ma détermination à servir ce pays. »
Verdict fin mars
Avec cette déclaration, sans aller jusqu’à annoncer sa candidature à l’élection présidentielle – dont le premier tour se tiendra le 24 février 2019 -, Khalifa Sall, cherche à rester l’un des acteurs majeurs de la classe politique sénégalaise. C’est désormais à la justice de trancher.
Le procureur a requis une peine de sept ans de prison ferme et quelque 5,5 milliards de francs CFA d’amende. Khalifa Sall pourrait aller en prison, mais aussi perdre ses droits civiques.
Satisfaite du procès, la défense attend de la justice qu’elle soit exemplaire jusqu’au bout. Après avoir salué les acteurs, le juge Lamotte a déclaré : « Vous nous avez demandé de juger en droit, de rendre justice. Nous rendrons justice en disant le droit ». Verdict le 30 mars.
rfi