La présidentielle et les législatives au Ghana ont finalement été marquées par des violences qui ont fait au moins 5 morts et 17 blessés depuis lundi, alors que le ton monte entre les deux principaux candidats toujours dans l’attente des résultats.
Depuis le jour du vote, “21 incidents violents liés directement aux élections” ont éclaté, a affirmé la police ghanéenne dans un communiqué et sur son compte Twitter.
Six de ces incidents ont impliqué des coups de feu, provoquant la mort de cinq personnes et 17 blessées.
Ces violences ont éclaté lundi, jour du vote, et mardi, alors que le dépouillement se poursuivait dans les différentes régions du pays.
Les résultats du scrutin n’étaient pas encore connus mercredi midi, et le ton se durcissait entre les deux principaux candidats, qui s’accusaient mutuellement d’être “anti-démocratiques” ou de “jouer un jeu dangereux”.
La commission électorale du Ghana a de son côté appelé le pays être “patient” et a publié les résultats de 7 régions sur 16, plaçant le candidat de l’opposition John Mahama en tête devant le président sortant Nana Akufo-Addo, en lice pour un second mandat.
Elle avait annoncé qu’elle pourrait publier les résultats en 24 heures, comme ce fut le cas lors du précédent scrutin, mais s’est rétracté finalement mercredi en blâmant les fortes pluies qui sont tombées dans certaines régions du pays pour le retard.
Scrutin Serré
Le scrutin s’annonce serré entre le président Nana Akufo-Addo, 76 ans, candidat pour le Nouveau parti patriotique (NPP) et son prédécesseur John Mahama, 62 ans, leader de l’opposition, du Congrès national démocratique (NDC).
Le parti présidentiel a tenu une conférence de presse mercredi pour demander à ses supporters de “se réunir” devant la résidence du chef de l’Etat à Accra.
Mardi soir, John Mahama a prévenu qu’il “résisterait à toute tentative de vol du scrutin” alors que la rumeur selon laquelle il avait concédé la victoire circulait depuis plusieurs heures sur les réseaux sociaux.
John Mahama a également assuré que son parti avait remporté la majorité au parlement, déclarations aussitôt démentie par le ministre de l’Information Kojo Oppong Nkrumah lors d’une conférence de presse.
“Aucun candidat à ce stade ne devrait saper le travail de la Commission électorale, c’est irresponsable et cela mettrait en danger la paix dans le pays”, a-t-il ajouté.
Plus tôt dans la journée, la présidence avait publié des estimations de résultats portant sur 91 % des bureaux de votes, et donnant le chef de l’Etat sortant vainqueur avec 52,25 % des voix, contre 46,44 % pour M. Mahama, contrairement aux protocoles en vigueur.
La Commission électorale est en effet la seule autorité habilitée à annoncer les résultats officiels et à proclamer le vainqueur.
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a appelé les deux candidats à “préserver la paix” et les institutions à “poursuivre leur travail avec transparence et professionnalisme”.
Les élections s’étaient déroulées lundi globalement dans le calme, hormis quelques incidents mineurs. Le scrutin avait même été salué comme un exemple en Afrique de l’Ouest par les observateurs internationaux.
Trois jours avant le scrutin, le président et son prédécesseur avaient signé un “pacte de paix” les engageant à ne cautionner aucune violence lors du vote et à la proclamation des résultats.
Ces deux vieux adversaires politiques s’affrontent pour la troisième fois, avec lors des deux précédents scrutins des résultats serrés. En 2012, M. Mahama l’avait emporté avec 50,7 % des voix, puis en 2016 ce fut M. Akufo-Addo avec 53,8 %.
Afp