Les Guinéens sont appelés au urnes demain dimanche pour élire le prochain président de la République. En lice, le président sortant Alpha Condé, candidat pour un troisième mandat après l’adoption controversée d’une nouvelle Constitution. Face à lui, onze concurrents, dont son principal opposant Cellou Dalein Diallo. Tout semblait prêt mais à la veille du scrutin, certains membres de la Commission nationale électorale indépendante (Céni) ont décidé de sortir de leur réserve pour dénoncer des manquements dans le processus électoral.
Le matériel est acheminé, les bulletins, les PV, les urnes sont en place dit notre correspondant à Conakry, Carol Valade. Les cartes d’électeurs distribuées à plus de 90%. Les agents sont opérationnels. Selon Mamadi 3 Kaba, porte-parole de la Céni, tout est fin prêt pour l’élection présidentielle demain.
Enfin c’était sans compter cette déclaration surprise signée de quatre commissaires de l’institution. Ils énumèrent sur cinq pages des manquements et violations présumées du code électoral.
Les partis ne disposeront que d’un PV par bureau, charge à eux de le photocopier. Mais ils ont interdiction de le prendre en photo, les fiches de résultats n’ont toujours pas de valeur juridique. Bref, les partis politiques ne disposeraient selon eux d’aucun élément de preuve s’ils veulent contester juridiquement certains résultats.
Leur rapport pointe encore des doublons, des électeurs avec plusieurs cartes, mais aussi des cartes qui auraient disparu dans certaines localités. En conclusion de la déclaration : « le doute s’installe sur la crédibilité du processus. » Ce qui ouvre la porte à de probables contestations post-électorales.
L’opposition avait affirmé qu’elle ne se laissera pas « voler sa victoire ». Elle a déployé des délégués, dans chaque bureau de vote, dans le but de vérifier les résultats. Cependant, le gouvernement ne l’entend pas de cette oreille. Dans un communiqué, le ministère de la Sécurité a mis en garde les partis politiques, les médias et les organisations de la société civile…. Seules la Cour constitutionnelle et la Céni ont le droit d’annoncer des résultats.
Une campagne qui avait démarré timidement
La campagne électorale avait démarré timidement, raconte notre envoyée spéciale, Bineta Diagne. Les douze candidats à la présidentielle se sont tous prêtés au jeu de la profession de foi face caméra, ils ont eu le droit à 7 minutes sur la chaîne nationale à des heures de grande écoute pour présenter leur programme.
Mais celle-ci s’est beaucoup plus animée les deux dernières semaines avec des discours critiqués, car exacerbant les tensions intercommunautaires. À cela s’est ajouté des incidents, en témoigne l’attaque survenue contre le convoi du Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana au moment où ce dernier voulait battre campagne en Moyenne-Guinée au nom du président sortant.
Quelques jours plus tard, l’opposant Cellou Dalein Diallo s’est heurté à son tour à l’hostilité de personnes lui barrant la route de la région de Kankan, fief du président Alpha Condé. Kankan où le siège du parti de l’UFDC a été saccagé, des maisons et des boutiques de personnes perçues comme étant favorables à l’opposition ont été incendiées et ou vandalisées. Ces violences ont été unanimement condamnées par les autorités locales et les partis politiques.
rfi