Les activités ont été fortement perturbées depuis l’élection, notamment sur les marchés, et les prix s’en ressentent.
Assis sur un banc au marché Taouyah, Moussa attend les clients. Ce commerçant vend « un peu de tout » dit-il, des ampoules, de l’anti-moustique… Après dix jours de fermeture, il vient juste de rouvrir sa boutique. « On était coincés à la maison, sans pouvoir vendre. On vit au jour le jour. Il faut que l’État nous donne des garanties. » Il n’a pourtant rouvert qu’une seule porte de sa boutique. « On a la peur au ventre. Peur de ce qui pourrait arriver. »
Après la paralysie de ces derniers jours due aux violences, le quartier a retrouvé un peu d’animation. Mais Abdoulaye Barry, vendeur de produits pharmaceutiques, a gardé porte close. Il n’a pas pu s’approvisionner au grand marché Madina de Conakry. Et comme il le dit, « si là-bas c’est fermé, la Guinée est fermée ».
Conséquence de ces difficultés d’approvisionnement : le prix de certains produits de première nécessité ont augmenté, notamment celui du pain. Cette jeune femme revend des demi-baguettes, elle tente d’expliquer à ses clients qu’elle n’y est pour rien. « Avant c’était quatre pour 5000 [francs guinéens], maintenant c’est trois pour 5000. Les clients ne viennent plus. Il n’y a plus de farine. C’est pour ça qu’on a dû augmenter le prix. »
Juste à côté, le prix du pot de riz a doublé par rapport à la semaine dernière, de 2500 à 5000 francs guinéens, un peu de moins de 50 centimes d’euros. « On se débrouille comme on peut », murmure la vendeuse.
Pour l’UE, « des interrogations demeurent »
À noter que la connexion internet a été rétablie mardi 27 octobre sur le réseau Orange Guinée, principal opérateur du pays. Elle était inaccessible depuis vendredi dernier.
Dans un communiqué, l’Union européenne « prend note de l’annonce des résultats provisoires par la commission électorale ». Mais elle estime que « des interrogations demeurent quant à la crédibilité du résultat, notamment en ce qui concerne la remontée des procès-verbaux et le décompte final des votes ».
La commission électorale a déclaré le président Alpha Condé vainqueur dès le premier tour de la présidentielle du 18 octobre, mais son principal opposant Cellou Dalein Diallo conteste ces chiffres. Le bras de fer a provoqué des violences meurtrières dans le pays : au moins 21 morts selon le gouvernement, une trentaine d’après l’opposition. Plusieurs quartiers en périphérie de Conakry ont été bouclés par les forces de défense et de sécurité.
rfi