Le nombre de travailleurs qualifiés quittant l’Afrique subsaharienne augmente rapidement et constitue une véritable “fuite des cerveaux” qui pénalise le développement du continent, a mis en garde mardi le Fonds monétaire international (FMI).
Dans son rapport sur les prévisions économiques mondiales, le FMI estime que le chiffre des migrants africains à destination des pays les plus riches pourrait bondir de 7 millions en 2013 à 34 millions en 2050.
“La fuite des cerveaux est particulièrement importante en Afrique subsaharienne”, note l’institution internationale en précisant que ce boom migratoire est largement nourri par la rapide croissance de la population active des pays africains.
“L’immigration de jeunes travailleurs qualifiés fait peser un lourd tribut à une région au capital humain déjà rare”, ajoute-t-elle.
Le FMI prend en exemple le départ de “docteurs et infirmières du Malawi et du Zimbabwe” qui pèse sur le plan “purement économique mais aussi social”.
La France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis accueillent près de la moitié de la diaspora d’Afrique subsaharienne aujourd’hui.
Le rapport contient néanmoins une note d’optimisme en mentionnant les travailleurs qualifiés qui reviennent s’installer dans leur pays natal après quelques années à l’étranger pour apporter “de nouvelles compétences et expériences”.
Le FMI relève aussi que l’aide financière des diasporas aux proches restés au pays constitue une source importante de devises et de soutien à la consommation locale, qui peut représenter jusqu’à un quart du Produit intérieur brut (PIB) comme au Liberia.
La croissance des principales économies du continent devrait connaître un coup d’arrêt en 2016, principalement en raison de la baisse des prix des matières premières.
Le FMI prévoit ainsi pour 2016 une croissance de 1,4% du PIB en Afrique sub-saharienne (soit 0,2 point de pourcentage de moins que dans ses dernières estimations de juillet), après 3,4% en 2015.
Pour 2017, l’institution attend une croissance de 2,9% dans l’ensemble de la région.
L’ex-leader économique africain, le Nigeria, devrait enregistrer un recul de 1,7% de son PIB en 2016, selon le FMI, en raison de la baisse de sa production de pétrole, des coupures d’électricité et du manque de confiance des investisseurs.
La croissance de l’Afrique du Sud, de retour à la première place des économies africaines, devrait être presque nulle (0,1%) en 2016 puis de 0,8% en 2017, en ralentissement par rapport à 2015 (1,3%).
Celle du premier producteur d’or noir africain, l’Angola, sera nulle en 2016 puis de 1,5% en 2017, après 3,0% en 2015.
D’autres pays comme la Côte d’Ivoire, l’Ethiopie, le Kenya ou le Sénégal, dont la richesse repose moins sur les matières premières, profitent du développement de leur classe moyenne et de la hausse des investissements et devraient afficher cette année des taux de croissance supérieurs à 5%, selon le FMI.
Afp