Depuis 2016, 500 camions fabriqués au Canada ont été livrés à l’Arabie saoudite. Mais suite à l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi au consulat saoudien d’Istanbul, le gouvernement avait suspendu cette entente en octobre 2018. Le ministre des Affaires étrangères canadien affirme désormais que des négociations avec l’Arabie saoudite ont permis de bonifier l’accord entre les deux pays.
De notre correspondante au Québec, Pascale Guéricolas
Depuis plusieurs années, des organismes de défense des droits humains, et des chercheurs canadiens exigent en vain des tribunaux la fin des ventes de camions blindés à l’Arabie saoudite. Fabriqués dans une usine de l’Ontario, ils auraient notamment servi contre des civils au Yémen. Avec ce nouveau contrat, les Saoudiens ne pourront plus exiger une pénalité de 9 milliards d’euros en cas d’annulation du contrat, si ces blindés contribuent à des violations des droits humains.
« Il ne faut pas être naïf… »
D’autre part, le gouvernement du Canada va examiner ces exportations de blindés au cas par cas. Pour, Sami Aoun, professeur spécialisé du Moyen-Orient et Afrique du Nord, les autorités canadiennes n’ont pas les moyens actuellement de renoncer à l’argent saoudien. « Il ne faut pas être naïf, le Canada a pris en considération le fait que le taux de chômage va presque tripler sinon quadrupler, et aussi il y a un déficit budgétaire qui peut atteindre des sommes inédites dans l’histoire économique du Canada. »
D’autres observateurs font remarquer que cette reprise éventuelle de ce contrat controversé survient alors que le Covid-19 occupe presque exclusivement l’actualité.