Dans un communiqué diffusé via l’agence Amaq ce samedi 16 juillet, le groupe Etat islamique présente le Tunisien Mohamed Lahouaiej-Bouhlel comme l’un de ses « soldats », et revendique l’attaque perpétrée par ce dernier au soir du 14-Juillet sur la promenade des Anglais à Nice. Deux jours après la tuerie, qui a fait 84 morts et plus de 200 blessés, les intentions de l’assaillant restent cependant incertaines.
Plus de 24 heures après la tuerie qui a fait 84 morts et plus de 200 blessés à Nice au soir du 14-Juillet, le groupe Etat islamique a émis une revendication. Le chauffeur de 31 ans, qui a foncé avec son camion dans la foule réunie pour la Fête nationale sur la promenade des Anglais, est présenté comme un « soldat » de l’organisation jihadiste.
Ce samedi matin, le groupe Etat islamique a diffusé un bref communiqué via son agence de presse Amaq. Cette revendication via les canaux institutionnels et officiels ne laisse aucun doute sur son authenticité, explique notre confrère David Thomson, spécialiste des réseaux jihadistes pour RFI.
Le communiqué explique simplement que le terroriste a répondu aux « appels lancés par l’Etat islamique », à savoir celui de frapper les pays de la coalition en Syrie et en Irak. Pour l’instant, le groupe EI n’a jamais revendiqué un attentat de façon opportuniste, alors qu’il aurait pu le faire. Le crash du vol EgyptAir n’a par exemple jamais été revendiqué.
Depuis le 21 mai, le goupe Etat islamique perd nettement des territoires en Irak et dans une moindre mesure en Syrie. L’organisation jihadiste a donc changé de stratégie dans les messages adressés à ses partisans, notamment francophones. Elle reprend le même modèle qu’al-Qaïda : « Ne nous rejoignez pas, frappez chez vous. »
Déterminer les motivations encore incertaines de l’assaillant
Cependant, les motivations de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel restent troubles. Son passé n’annonçait en rien le passage à ces actes violents. Non fiché par les services de renseignement français, « il n’a jamais fait de prison, jamais ! », a rappelé samedi matin Jean-Jacques Urvoas, ministre de la Justice. Il était uniquement connu des services de police pour violences conjugales.
Dans son village d’origine en Tunisie, le profil de jihadiste ne correspond pas à l’image que les voisins se faisaient du jeune homme. Mohamed, son père, rejette aussi la radicalisation de son fils et met plutôt en avant certains déséquilibres psychiatriques.
Restent à déterminer les éventuels liens que l’assaillant entretenait avec l’organisation jihadiste, et comment il a mis en place le mode opératoire. L’homme pourrait aussi avoir des complices. Cinq personnes de son entourage ont été interpellées depuis vendredi, dont son ex-épouse. Les documents saisis vendredi pourraient apporter des réponses.
Les services français disent avoir pris connaissance du communiqué d’Amaq et vérifient son authenticité. Aucune réaction officielle pour l’instant. Le Conseil restreint de sécurité et de défense présidé ce samedi par François Hollande s’est achevé en fin de matinée et a été suivi immédiatement par une réunion de l’ensemble du gouvernement.
rfi