Le 27e sommet Afrique-France s’ouvre ce vendredi 13 janvier à Bamako au Mali. Quatre ans après le déclenchement de l’opération Serval, les questions sécuritaires au Sahara et au Sahel seront encore au centre des débats.
Pour le président François Hollande, ça sera aussi le dernier sommet africain, après cinq ans passés au pouvoir. Celui qui considérait en 2012 que le « temps de la Françafrique était révolu », a dû, dès 2013 engager son armée au Mali dans sa plus vaste opération au sol depuis la guerre d’Algérie. Quelques mois plus tard, le chef des armées envoyait les soldats français en Centrafrique pour une opération de stabilisation devant permettre de faire cesser les violences avant de passer la main à l’ONU. Si « les guerres africaines » de François Hollande ont permis d’éviter le pire, ses interventions musclées en Afrique ont finalement donné des résultats mitigés.
François Hollande ne regrette rien, l’opération Serval a permis de sauver le Mali, disait-il récemment devant les militaires français : « J’ai pris les initiatives nécessaires et nous sommes intervenus militairement. Et ce qui a été fait là-bas en termes de combats et de logistique a sauvé, non seulement le Mali, mais sans doute l’Afrique de l’Ouest ».
Pourtant, quatre ans après, rien n’est réglé. Le nord du Mali est en proie à une recrudescence de violences, et c’est même toute la région qui a été mise sous tension, comme l’a prouvé la série d’attentats qui a secoué Bamako, Grand-Bassam en Côte d’Ivoire et Ouagadougou au Burkina Faso en 2015 et en 2016. Dans toute la zone, les attaques ont plus que doublé en l’espace d’un an.
Barkhane et ses 4 000 hommes est l’héritage des années Hollande. Une dizaine de bases et de points d’appuis. Un budget de 500 millions d’euros par an et le G5 Sahel, une architecture de défense régionale qui a donné une nouvelle impulsion à la coopération entre les pays de la zone, mais qui peine à endiguer une menace transfrontalière. Une vingtaine d’opérations militaires conjointes ont été menées depuis 2014.
Sangaris, l’autre grande opération
L’autre grande opération militaire initiée par François Hollande est Sangaris, une mission prévue pour six mois en République centrafricaine, mais qui allait durer près de trois ans, déclenchée huit mois après la prise de Bangui. Une opération mal préparée, des troupes épuisées, l’image de l’armée entachée après des allégations d’abus sexuels sur des mineurs. Une guerre entre milices et une population déchirée.
La France se devait d’intervenir : « Il fallait bien qu’il y ait une force qui vienne au secours des civils. Nous l’avons fait. Puis maintenant, la mission étant largement accomplie, nous avons transféré notre responsabilité à l’ONU, et donc à la Minusca ».
Rien ne se passera comme prévu
La veille de l’arrivée du contingent français, Bangui est le théâtre d’une offensive surprise des anti-balaka et de la répression des Seleka. Les concepteurs de Sangaris n’avaient pas vu la capacité de nuisance des anti-balaka. Autre imprévu, alors que Paris espérait qu’ils jettent l’éponge face à la puissance de feu française, les Seleka font face aux soldats français. Conçue pour une courte durée, Sangaris se devait aussi d’accompagner la montée en puissance sur le terrain de la Force de l’Union africaine en Centrafrique (Misca), puis des casques bleus de la Force des Nations unies en Centrafrique (Minusca).
Parallèlement à cela, Paris peine à mobiliser ses partenaires européens pour qu’ils contribuent militairement à la stabilisation de la RCA. Sangaris doit donc s’installer plus longtemps que prévu. L’opération coûte cher. En 2015, nouvel horizon pour Sangaris, les militaires français devront attendre l’issue des élections pour quitter le pays. La France pousse pour leur organisation rapide. Mais ces scrutins sont plusieurs fois reportés.
Le problème des moyens
Une fois le nouveau pouvoir installé au printemps 2016, Paris annonce son désengagement, claironnant que la mission a été accomplie. Pourtant fin octobre, quand Sangaris quitte le pays définitivement, les responsables politiques centrafricains martèlent tous que le moment est mal choisi. Les violences repartent et la force onusienne est critiquée pour son inefficacité. Seulement, entretemps, les priorités stratégiques de la France ont changé. Et l’argent consacré à la mission Sangaris doit être dédié à des missions de lutte contre le terrorisme au Sahel, en France et au Moyen-Orient.
En Libye, alors que la défense préparait une intervention d’envergure, François Hollande aura préféré l’envoi de quelques dizaines de forces spéciales et d’opérateurs clandestins du service action de la Direction générale de la sécurité extérieure en France (DGSE). Une guerre de l’ombre contre des mouvements jihadistes au Maghreb.
rfi