
À Madagascar, Thomas Razafindremaka, un acteur de la société civile et défenseur des petits paysans dans la région d’Ihorombe dans le sud de l’île a été placé en détention provisoire lundi 17 février. Il est poursuivi pour extorsion de fonds, escroquerie et usurpation et abus de fonction. Mais pour la Plateforme nationale des organisations de la société civile de Madagascar il s’agit d’un acte de représailles des puissances locales envers un homme qui dérange.
De notre correspondante à Antananarivo,
Bien connu dans la région d’Ihorombe et membre défenseur des droits humains bien informé, Thomas Razafindremaka aurait des relations tendues avec les autorités locales. Pour la société civile, c’est pour cette raison qu’il a été arrêté.
« Thomas c’est quelqu’un qui s’occupe beaucoup des petits paysans qui n’osent pas aller dans les bureaux pour défendre leurs droits. Ce sont des paysans qui sont victimes de harcèlement et des exactions de la part de certaines autorités locales et forces de l’ordre par rapport à des problèmes fonciers, par rapport aux problèmes de vols de bœufs, etc… Donc il dérange beaucoup parce qu’il connait tous les trafics et toute la corruption que font certaines autorités et certains responsables des forces de l’ordre », explique Mahamadou Ndriandahy, le président de la Plateforme nationale des organisations de la société civile à Madagascar.
La société civile dénonce un coup monté
Pour la société civile, son arrestation a en particulier un lien avec la procureure du Palais de justice d’Ihosy. Celle-ci serait furieuse contre lui parce qu’il a dénoncé une malversation au sein du tribunal. Une dénonciation qui a déclenché une enquête du ministère de la Justice.
« Pour nous c’est un coup monté parce que dans l’accusation ils disent que les escroqueries que Thomas aurait faites datent de 2018 et donc pourquoi depuis 2018 la justice n’a-t-elle pas réagi, questionne Mahamadou Ndriandahy. Nous voulons juste qu’il soit jugé correctement. Nous ce que nous savons c’est que l’argent qu’il prend aux paysans ce n’est pas pour s’enrichir personnellement mais pour qu’il puisse faire des déplacements quand il doit faire des petites enquêtes et s’occuper des dossiers ici et là. »
La société civile précise aussi que la femme qui a porté plainte contre le défenseur des droits humains serait une proche de la procureure, Tinah Rabendrainy. Contactée, cette dernière dément cette théorie. « C’est totalement faux parce que trois plaintes de partie civile différentes ont été déposées contre lui », indique-t-elle. « Il est du devoir du parquet de procéder à l’ouverture de la procédure et de l’enquête ». La société civile a dépêché un avocat à Ihosy pour venir en aide à Thomas Razafindremaka.