Spectacles de Noël annulés, voyages déconseillés, visites du sapin géant du Rockefeller Center minutées: en 2020, à New York, le Père Noël semble parfois tenir du Père Fouettard.
Mais dans le quartier de Dyker Heights à Brooklyn plane un petit air de fête que même la pandémie n’arrive pas à gâcher.
Chaque année, à partir de la fin novembre, ce quartier excentré de New York, aux allures de jolie banlieue avec ses grandes maisons individuelles, commence à briller de mille feux, fort d’illuminations aussi nombreuses que sophistiquées.
Ne cherchez pas les cars de touristes qui d’habitude sillonnent ce quartier historiquement italien: cette année, les visiteurs sont surtout des locaux – dûment masqués.
Ce qui ne les empêche pas d’être nombreux, ravis de participer à une activité de plein air sans grand risque de contamination.
“Je suis vraiment impressionné”, s’ébahit Eric Steiner, 47 ans, venu de Manhattan avec son mari pour voir les illuminations du quartier.
“C’est tellement festif, à un moment où les choses sont si incertaines et effrayantes pour beaucoup de gens”, s’exclame-t-il devant une maison littéralement enveloppée de guirlandes électriques. “Ça peut être une bonne façon d’égayer la journée.”
Cette tradition d’illuminations aurait commencé au milieu des années 80, sous l’impulsion de Lucy Spata, une résidente du quartier, qui voulait rendre hommage à sa mère décédée.
Sa maison est à peine visible derrière une montagne de décorations mêlant anges, pères Noël, Casse-Noisette et même un trône doré recouvert de tissu couleur pourpre, où les curieux peuvent s’asseoir et prendre des photos.
“Beaucoup de gens sont déprimés”, dit Robert Perez, guide qui organise des visites du quartier. “Ça apporte un peu de rire et de bonheur”.
– “Pour les enfants” –
Vincent Privitelli, qui habite le quartier depuis 30 ans, commence habituellement à décorer sa maison début novembre, juste après Halloween, et il lui faut un mois pour tout installer.
Cette année, lui qui se déguise généralement en renne du père Noël à l’approche des fêtes, a discuté avec sa famille pour savoir s’il allait maintenir le rituel, avec tous les évènements de 2020.
“J’ai dit, +Vous savez quoi? Je vais le faire cette année – malgré le Covid et tout – pour les enfants+. On a besoin de quelque chose de positif”.
Pour Christine Kong, 31 ans, venue se promener depuis l’Etat voisin du New Jersey, la saison des fêtes “incite à réfléchir sur tout ce qui s’est passé cette année”.
“L’attente est différente — pleine d’espoir pour ce qui nous attend en 2021”, dit-elle. “Car ça ne pourra pas être pire.”
Les décorations créent des embouteillages – se garer vire au cauchemar – mais elles sont aussi une aubaine pour les commerces locaux, éloignés des attractions touristiques de Manhattan.
Robert Cicero, du magasin John’s Deli, sert ainsi tasse après tasse de chocolat chaud à ceux qui veulent se réchauffer, avec parfois un sandwich débordant de tomates à la mozzarella.
“Je croyais que ce serait un bide, que les gens ne viendraient pas, mais j’imagine qu’ils viennent car ils veulent être dehors” et se mettre dans l’ambiance des fêtes, dit-il.
“Tout le monde adore le Rockefeller Center” et son sapin géant culte à Manhattan, poursuit-il.
Mais les visites limitées cette année à 5 minutes pour éviter les foules rendent des attractions comme Dyker Heights plus séduisantes pour les gens qui veulent se dégourdir les jambes et profiter de l’ambiance de Noël.
“Noël à Dyker Heights… On en revient à ça. Qui a vraiment besoin du Rockefeller Center?”, lance M. Privitelli.
Afp