Lors du coup d’État du 18 août dernier, près de 20 civils et militaires ont été arrêtés. Certains, à commncer par le président de la République Ibrahim Boubacar Keita, ont été libérés. Mais que deviennent les autres ? Des familles affirment n’avoir pas droit de visite.
Outre le président renversé, un de ses collaborateurs et l’ancien ministre des Finances et de l’Économie Abdoulaye Daffé ont été libérés. Mais une quinzaine d’autres personnes est toujours détenue.
Parmi elles, le Premier ministre Boubou Cissé. Il a été arrêté au même moment que l’ancien président dont il a partagé un moment le lieu de détention. Aucun membre de la famille de Boubou Cissé n’a pu lui rendre depuis visite. Aucun avocat non plus. Cependant d’après nos informations, les proches de l’ancien Premier ministre lui apportent le repas, mais sans pouvoir le lui remettre directement.
Autres civils toujours détenus : Moussa Timbiné, éphémère président de l’Assemblée nationale. Rien d’officiel n’a encore été reproché à ces deux personnalités. De hauts gradés de l’armée sont toujours aux arrêts. Parmi eux, l’ancien ministre de la Défense et celui de la Sécurité.
Interrogée par RFI, une source proche de la junte affirme que tous les détenus ont reçu la visite d’associations de défense des droits humains, et sont bien traités. « Nous voulons constater de nos propres yeux », rétorque un proche d’un des détenus.
Qu’en pensent les Bamakois?
Quels rapports doivent prévaloir entre les militaires du CNSP qui ont pris le pouvoir et la coalition du M5-RFP ? L’envoyé spécial de RFI, David Baché, a posé la question à des habitants de Bamako.
Pendant trois mois, avant le coup d’État, ce sont eux qui ont organisé la contestation dans les rues maliennes. Partis politiques, syndicats, organisations religieuses et de la société civile : dans sa diversité, le M5-RFP s’envisage donc comme un « partenaire naturel » de la junte qui a finalement pris le pouvoir. C’est aussi ce que pense Madani Sangaré, entrepreneur. « C’est le Comité [national pour le salut du peuple, formation des putschistes, NDLR] qui a assuré le travail du M5. Mais il ne peut rien faire sans le M5. » Dramane Traoré, à la recherche d’un emploi, renchérit : « Si vous nous voyez là, actuellement à l’aise, c’est grâce au M5-RFP. C’est eux qui ont eu le courage. Ils connaissent les enjeux politiques alors que les militaires ne sont pas doués en politique, donc il faut qu’il y ait des gens du M5. »
Mais d’autres estiment au contraire que les militaires du CNSP sont désormais les seuls à même de porter le changement attendu par les Maliens. « Je veux qu’on laisse la place aux jeunes avec les militaires. Pas les membres de la M5, je ne veux pas qu’ils participent. Ce sont des vieux politiques, les mêmes personnes depuis des années, il faut du changement », Toumani Keita, jeune diplômé. Assis à ses côtés, Souleymane Diallo s’inscrit dans le même fil : « J’aimerais que les militaires prennent le pouvoir pour diriger le pays. Le M5, ce sont des vieilles têtes, je n’aimerais pas qu’ils aient le pouvoir. Les militaires, ça encourage. »
La junte au pouvoir a toujours assuré vouloir travailler avec la coalition M5-RFP, comme avec toutes les forces vives maliennes. Mais le M5 veut plus : décider de la transition avec le CNSP, sur un pied d’égalité.
rfi