Le Conseil national de transition a été installé ce week-end au Mali. Il s’agit du dernier organe de la transition qui devait être mis en place, après le coup d’État militaire du 18 août. Les nominations montrent un succès incontestable pour les militaires, alors même que de nombreuses voix s’étaient élevées pour protester contre la composition de ce Conseil, imposée par les autorités de transition.
Le décalage est grand entre le concert de contestations qui a précédé l’installation du CNT et le tableau final. Les militaires du CNSP, qui ont réalisé le coup d’État du 18 août, sont toujours accusés par une grande partie des organisations politiques, syndicales et associatives maliennes, d’imposer leurs choix de façon arbitraire, voire autoritaire, et de chercher à militariser les organes de la transition.
Pour autant, l’essentiel de ces organisations compte bel et bien des membres au sein de ce Conseil. Certains représentent officiellement leur organisation, d’autres y siègent avec l’assentiment de leur parti ou en leur nom propre. Au M5-RFP par exemple, le mouvement qui avait mené la contestation contre l’ancien président IBK, on dénonce l’accaparement de la transition par les militaires et refuse de siéger au CNT. Pourtant, plusieurs de ses membres y ont été nommés.
“Dès lors qu’il y a des institutions qui sont là, donc nos partenaires, nous estimons qu’il ne faut pas jouer à la politique de la chaise vide.”
Soif d’obtenir un poste, coûte que coûte ? Ou volonté, en dépit des conditions, de peser dans la transition, sans concession ? Force est de constater que c’est à une écrasante majorité que les membres du Conseil ont plébiscité le colonel Malick Diaw au moment de désigner le président du CNT, dans un vote pourtant à bulletin secret. Sur les 121 membres du Conseil, 118 ont participé au vote et 111 lui ont apporté leur soutien.
“On peut parler d’une victoire de la junte au pouvoir et de Malick Diaw car si les gens étaient vraiment contre lui, ils auraient pu voter blanc ou bien s’abstenir, mais ça n’a pas été le cas.”
Reste à voir dans quelle atmosphère se dérouleront les travaux du Conseil, sur des enjeux aussi essentiels que la réforme du système électoral et de la Constitution malienne, ou encore l’organisation des prochains scrutins législatif et présidentiel, censés acter le retour du pouvoir à des civils élus.
rfi