En déplacement à Orléans, jeudi 27 juillet, Emmanuel Macron a esquissé les contours de la politique migratoire de la France durant son quinquennat avec un distinguo clair entre réfugiés politiques et migrants économiques.
Emmanuel Macron souhaite faire le tri entre migrants économiques et réfugiés. Il entend donc accélérer les procédures de demande d’asile. Le président français dit vouloir ramener les délais à 6 mois au lieu d’un an à 18 mois aujourd’hui en France.
Les demandes d’asile seront même prétraitées en dehors du territoire français dans des hotspots, c’est-à-dire des centres d’examen. En Italie, où arrivent la plupart des migrants qui posent le pied en Europe, mais aussi en Afrique. Dans des « pays sûrs » selon le terme du président, des Etats tiers proches du pays d’origine. Il est question du Niger ou d’ailleurs, un centre pour les migrants en transit existe à Agadez. Du Tchad aussi.
“Le problème ce n’est pas seulement comment les arrêter, il faut trouver une solution pérenne à cette situation. La solution pérenne, c’est se développer. C’est trouver du travail pour notre jeunesse, un appui sérieux et sincère de l’Europe à l’Afrique, c’est très important.”
Mais surtout, le président a indiqué que la France installerait des hotspots en Libye, quand les conditions de sécurité le permettront. Pour ces trois pays, une mission de faisabilité devrait être lancée fin août, indique l’Elysée.
Emmanuel Macron a insisté. Il souhaite le concours de l’Europe, même si un certain nombre d’Etats européens sont réticents à ces hotspots.
Ensuite, quelques questions restent posées : qu’adviendra-t-il des migrants qui ne seront pas refoulés dans ces hostspots, c’est à dire qui pourront prétendre au statut de réfugié politique ? Seront-ils pris en charge ou les laissera-t-on reprendre leur route ?
Amnesty International dénonce la vision binaire de Macron dans le traitement de la migration
A l’inverse, le président a promis de rendre plus efficaces les reconduites à la frontière pour les déboutés du droit d’asile. Comment ? Là non plus, pas de précision.
Si l’idée du président français n’est pas nouvelle, elle consiste surtout à dissuader les personnes non éligibles à l’asile de ne pas quitter l’Afrique, et de trouver un point de chute sur le sol africain.
Mais ces mesures sont décriées par les organisations humanitaires. Amnesty International demande à la France de reconsidérer radicalement toute sa politique migratoire. « Il y a dans ce discours, et c’est une continuité depuis qu’il est candidat, cette opposition un peu binaire malheureusement entre d’un côté les réfugiés, pour lesquels on déploie des moyens et des efforts qui sont conformes aux obligations que doit remplir la France en tant qu’État, et les migrants économiques. En réalité, réduire la migration à ces deux seules catégories est un peu faux, regrette Jean-François Dubost, du programme de protection des populations à Amnesty.
Parmi les migrants, il y a effectivement des personnes qui vont se déplacer pour des raisons économiques ou de travail, mais d’autres qui vont se déplacer pour des raisons familiales – ça rejoint d’ailleurs un certain nombre de droits fondamentaux des personnes à pouvoir rejoindre leurs familles et vivre en famille. Il y a aussi d’autres motifs de migration comme les études. Donc, simplement opposer aux réfugiés des migrants économiques dont on ne veut pas, pour lesquels il faut accélérer l’éloignement, le renvoi dans les pays, c’est quand même biaiser le regard qu’une population peut avoir sur les migrants en général. Une approche uniquement fondée sur le renvoi des migrants, ça fait à peu près 20-25 ans qu’on l’applique et ça ne produit pas de bons effets. »
Quelque 470 associations ont formulé une demande de rencontre avec le chef de l’Etat autour de cette question.
rfi