Dans cet entretien accordé à IGFM, l’honorable député, Mme Mously Diakhaté revient sur l’affaire Petro- Tim, la proposition de couplage des élections, la marche de l’Opposition prévue le 14 octobre prochain.
Quel commentaire faites-vous de la proposition de certains hommes politiques de mettre en place une commission d’enquête parlementaire sur l’affaire Petro-Tim ?
En tant que député, je pense que cette affaire ne mérite pas qu’on mette en place une commission d’enquête parlementaire.
Puisque le Premier ministre, Mouhamed Boun Aballah Dione, a fait une conférence de presse le 21 septembre, pour donner toutes les informations sur cette affaire.
Si on mettait en place une commission d’enquête parlementaire, cela ne servira à rien, parce que le Pm a apporté tous les éléments de réponse sur cette affaire.
Certes le Pm a fait une conférence de presse, mais certains persistent à dire qu’il n’a fait qu’ajouter à la confusion ?
Il a sorti des documents. Il a parlé un Wolof très clair. Personne ne peut dire qu’il n’a pas compris ce qu’il a dit.
Si nous prenons le cas de Karim Wade, il avait été convoqué devant les députés pour rendre de sa gestion de l’Onoci. Pourquoi l’Assemblée nationale ne convoque pas le Gouvernement pour l’entendre sur l’affaire Petro-Tim?
C’est la commission des Finances de l’Assemblée nationale qui avait convoqué Karim Wade pour venir s’expliquer sur sa gestion de l’Anoci. La lettre était signée par le président de l’Assemblée nationale. La suite, on la connait. Le président de l’Assemblée nationale de l’époque (Ndlr: Mamadou Seck) avait été renvoyé. C’est cette affaire-là qui méritait une commission d’enquête parlementaire.
Pour le cas Petro-Tim, le Pm a donné des éléments d’explication avec des documents à l’appui. Si certains ne sont pas satisfaits, ils peuvent toujours revenir. Mais une commission d’enquête parlementaire n’est pas à l’ordre du jour.
M. Djibo Kâ, a proposé le couplage des élections législatives et présidentielles en 2019. Qu’est-ce que vous en pensez ?
J’avais aussi proposé le couplage des élections il y a quelques jours dans un entretien accordé à un journal de la place. Aujourd’hui, quand M. Djibo Kâ propose la même chose, cela me réconforte. Parce que je ne suis plus la seule à défendre cette idée.
Il est clair que le mandat des député se termine en 2017 et celui du président de la République en 2019. Mais ce qu’il faut comprendre, c’est qu’après la présidentielle de 2019, on va procéder à la dissolution de l’Assemblée nationale pour organiser de nouvelles élections législatives.
Il faut que les sénégalais arrêtent de faire la politique politicienne. Parce qu’entre proroger le mandat des députés de deux ans et voter deux budgets pour des élections en l’espace de deux ans, qu’est-ce qu’il faut choisir?
Non seulement, l’argent qu’on va dépenser pour ces deux élections en 2017 et en 2019 sera énorme, mais le temps qu’on va perdre aussi. Le Sénégal en campagne permanente. Les gens ne pourront plus travailler convenablement.
C’est un manque à gagner énorme pour l’économie du pays. Les sénégalais sont fatigués par les élections.
Je pense qu’il faut interpeller les économistes du pays sur le manque à gagner pour l’économie sénégalaise de l’organisation des élections en 2017 et 2019.
Quand j’ai lancé cette idée de couplage des élections, le politologue Babacar Justin Ndiaye, m’a attaquée dans la presse. Il avait dit que Mme Mously Diakhaté a lancé un ballon de sonde. Mais il me connais mal. Je ne sers de caisse de résonance à personne. Parce que je suis une personne dotée de raison, qui réfléchit et qui fait des propositions.
“Qu’on m’excuse, mais je ne crois pas aux intellectuels de mon pays. Parce qu’ils ne sont là qu’à théoriser depuis 1960.”
Si tu prends le cas du Ghana, ils ont accédé à l’indépendance en 1957 et en 1960, ils ont lancé un barrage hydroélectrique avec Kwamé Nkrumah.
Le Sénégal ne peut pas se développer avec les grandes théories de nos intellectuels. C’est impossible. Il faut qu’on arrête les théories et la politique politicienne.
L’argent qu’on met dans l’organisation des élections peut servir à l’éducation. Parce qu’aujourd’hui, dans nos écoles, le slogan n’est plus « Ubi Tay, Diang Tey » (Ndlr : Démarrer les cours au premier jour de la rentrée des classes) mais c’est « Ubi Tey, Grève Tey » (Ndlr: Démarrer la rentrée des classes avec la grève).
Igfm