Alors que la campagne pour les municipales à Istanbul s’achève, le pouvoir turc joue la carte kurde pour tenter de l’emporter. Dans un message rendu public le 20 juin, Abdullah Öcalan, chef emprisonné du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), a appelé les électeurs kurdes à ne pas prendre parti.

Les électeurs d’Istanbul, en Turquie, se rendent aux urnes ce 23 juin pour élire leur maire. Les partis rejouent la municipale du 31 mars, perdue par le parti au pouvoir puis annulée à la demande du président Recep Tayyip Erdogan, au prétexte d’irrégularités.
Le leader kurde emprisonné du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Öcalan, a donné une consigne claire aux électeurs du HDP, le Parti démocratique des peuples, prokurde : l’abstention. Il leur demande de « rester neutres ». Autrement dit, de désavouer la stratégie de leur parti. Depuis le début de cette campagne, le HDP appelle en effet à faire bloc derrière Ekrem Imamoglu, le candidat d’opposition.
Promesse d’Erdogan ?
Le HDP avait obtenu plus de 12 % des suffrages à Istanbul aux législatives de 2018, soit plus d’un million d’électeurs. Sans eux, Ekrem Imamoglu n’aurait pas pu gagner le 31 mars et ne pourra gagner le 23 juin.
Malgré l’appel d’Abdullah Öcalan, la formation prokurde a décidé de maintenir son soutien au candidat d’opposition. Ironiquement, cela lui a valu les foudres du parti ultranationaliste, le MHP, allié du président Erdogan.
Ce rebondissement de dernière minute soulève au moins deux inconnues. Dans quelle mesure les électeurs kurdes vont-ils suivre la consigne du chef du PKK ? Et qu’a promis le président turc à Abdullah Öcalan pour qu’il fasse ainsi le jeu du pouvoir ? Car cette annonce du leader kurde est sans aucun doute une manœuvre de Recep Tayyip Erdogan pour tenter d’empêcher une défaite dans les urnes.
Rfi