Le Mouvement indépendantiste pour les peuples indigènes du Biafra (Ipob), qui prône la sécession du sud-est du Nigeria, a réclamé mercredi “justice” et un “procès équitable” après l’arrestation de son leader Nnamdi Kanu.
Le chef de l’Ipob a été arrêté dans un lieu inconnu après quatre ans de cavale et ramené au Nigeria pour y être jugé, selon les autorités.
L’homme de 53 ans, disparu depuis un raid de l’armée à son domicile fin 2017 alors qu’il était en liberté sous caution, a été présenté mardi devant la justice, qui a autorisé son incarcération et annoncé que son procès pour “terrorisme” se tiendrait en juillet.
Un porte-parole du haut-commissariat britannique à Abuja, la capitale du Nigeria, a précisé que “Kanu n’a pas été arrêté au Royaume-Uni (où il se trouvait selon des rumeurs durant sa cavale, ndlr) à des fins d’extradition”.
M. Kanu est accusé “de terrorisme, de trahison, de gestion d’une société illégale, de publication de documents diffamatoires et de possession illégale d’armes à feu”, a déclaré le ministre nigérian de la Justice, Abubakar Malami, dans un communiqué.
L’Ipob, fondé par Kanu en 2013, a appelé mercredi à un procès équitable pour son chef. “Nous rappelons au gouvernement du Nigeria et à ses agences de sécurité que notre leader mérite la justice et un procès équitable”, a déclaré son porte-parole Emma Powerful dans un communiqué.
“Nous affirmons également sans équivoque qu’aucun mal ne doit être fait à notre leader. S’il lui arrivait quelque chose de fâcheux, le gouvernement nigérian en serait tenu pour responsable”, a-t-il ajouté.
L’ex-Biafra, région déshéritée du sud-est essentiellement peuplée par la communauté Igbo, fut le théâtre d’une sanglante guerre civile entre 1967 et 1970.
Après la mort de plus d’un million de personnes, notamment de famine, et l’échec de la rébellion, la “République du Biafra” avait fini par réintégrer le Nigeria, pays de près de 200 millions d’habitants régulièrement secoué par des tensions intercommunautaires.
Mais les vélléités indépendantistes n’ont pas disparu. L’arrestation de Nnamdi Kanu survient après des mois de troubles dans la région et la création d’un mouvement paramilitaire régional.
Au moins 127 policiers ou membres des forces de sécurité ont été tués et une vingtaine de postes de police et des bureaux de la commission électorale ont été pris d’assaut depuis le début de l’année, selon des médias locaux.
L’Ipob rejette toute accusation de violences.
“Je peux vous assurer que l’arrestation de Kanu n’arrêtera pas la lutte du Biafra”, a réagi auprès de l’AFP Kelechi Emenogu, un habitant d’Okpala.
“Quel crime Kanu a-t-il commis ? Ils sont juste contre le peuple Igbo”, a estimé Ogochukwu Emenogu, une habitante d’Enugu