Au troisième jour du procès en appel de l’ancien président tchadien Hissène Habré devant les chambres africaines extraordinaires, la parole était ce mercredi au parquet. Les procureurs ont répondu à la défense.
C’est le procureur général, Mbacké Fall, qui a ouvert les hostilités. Durant ce procès en appel, c’est le droit et uniquement le droit qui est censé être jugé. Les avocats commis d’office estiment que ce procès est mené à charge, que les droits de l’ancien président tchadien n’ont pas été respectés. Le procureur général a fustigé cet argumentaire.
« Je peux vous dire que tous les droits de la défense, reconnus à Hissène Habré, ont été respectés à tous les stades de la procédure. Hissène Habré comparaissait régulièrement devant les juges d’instruction, accompagnés de ses avocats. Mais quand quelqu’un renonce à ses droits, qu’est-ce que l’on peut faire ? », a lancé Mbacké Fall.
Le procureur fait référence au silence d’Hissène Habré et à ses conséquences sur la procédure. Et le parquet a justement rappelé comment le droit devait être appliqué. Notamment lorsque les avocats qui ont évoqué de faux témoignages, ont aussi accusé le président de la cour d’instance de pousser Khadija Hassane Zidane à accuser Hissène Habré de viol. Comme l’a rappelé le procureur Diallo, c’est à la défense, c’est un terme de droit, de prouver le renversement de la charge de la preuve : « Il ne s’agit pas de parler, de faire des allégations. Nous sommes en phase d’appel, et quand on est appelant, on a sur les épaules la charge d’apporter des preuves, ce qui n’a pas été fait sur ce point. »
« Pas un procès politique »
Le parquet est donc en train de balayer toutes les tentatives de la défense de prouver que le droit n’a pas été respecté, mais Mbaké Fall s’est aussi permis de rappeler que cette procédure contre Hissène Habré n’est pas politique. « Nous avons entendu la plaidoirie des avocats de la défense. On nous parlait de procès politique. Je ne crois pas qu’il s’agisse d’un procès politique, mais de l’aboutissement d’une longue lutte engagée par les victimes d’atrocités. »
Vu les arguments mis en avant depuis ce mercredi matin, il y a peu de place pour le doute sur ce réquisitoire. On s’achemine visiblement vers une demande du parquet de la confirmation de la condamnation d’Hissène Habré, à savoir la prison à perpétuité. Réponse d’ici la fin de journée.
rfi