En RCA, Bangassou, dans le Sud, est toujours sous tension. La ville est sous la coupe réglée de milices anti-balaka, décidées à tuer tout civil musulman qui pourrait tomber entre leurs mains. Une situation qui exacerbe la haine de certains extrémistes musulmans qui s’en sont pris, il y a quelques jours, aux bâtiments de l’Eglise catholique.
C’est dans ce contexte qu’un casque bleu marocain a été tué dimanche dans l’attaque d’un convoi de camions-citernes. La Mission de l’ONU en Centrafrique fournit, en effet, des vivres et de l’eau aux déplacés musulmans rassemblés sur le site de la cathédrale.
« Il y a 2 000 musulmans à la cathédrale. Beaucoup d’entre eux sont des femmes et des enfants. Et donc là, ils sont en train d’être étranglés par les anti-balaka qui rôdent tout autour de la ville de Bangassou, détaille Mgr Juan José Aguirre Muños, évêque de Bangassou. Il y a un problème énorme. La Minusca marocaine essaie de faire de son mieux pour qu’ils aient de l’eau à boire, qu’ils aient de la nourriture, que les humanitaires puissent aussi faire leur travail. Et c’est difficile parce que les humanitaires sont attaqués. Alors tout le monde craint maintenant de travailler à Bangassou. Il y a beaucoup d’intimidations ».
Pour Mgr Muñoz, il faut un préfet et des soldats d’autres nationalités
Pour l’évêque, la situation risque de se dégrader si les déplacés restent sur le site de la cathédrale : « Nous pensons que ce site doit être délocalisé. Donc nous avons parlé avec le sous-préfet et avec le maire et ils pensent que le lieu le plus sûr est à côté du campement des militaires de la Minusca. Mais la Minusca n’est pas de cet avis-là. Ils pensent que c’est mieux qu’ils rentrent dans leur quartier, le quartier où ils étaient auparavant. Je vois que la situation sera très, très compliquée si les choses se passent ainsi ».
Le contingent marocain de la Minusca a déjà perdu deux éléments à Bangassou au mois de mai. En effet, les Marocains, musulmans de confession sont perçus par les miliciens anti-balaka, comme des partisans des musulmans dans le pays. Et Mgr Juan José Aguirré Muños craint aussi que la situation se détériore davantage si rien n’est fait par les autorités centrafricaines et la Minusca. « Aujourd’hui, si les musulmans sortent du périmètre ils risquent d’être égorgés. Alors les choses ne sont pas les meilleures. Je pense qu’il faut beaucoup plus de calme et beaucoup plus de tranquillité de part et d’autre. Nous prêchons constamment, avec la paix on gagne tout, avec la guerre on perd tout. Mais il y a beaucoup d’extrémistes d’un côté et d’autres qui ne pensent pas comme ça. Donc la première chose, à mon avis, c’est d’avoir un préfet. Que le gouvernement envoie les autorités gouvernementales pour faire le travail. Deuxièmement, nous avons besoin des Forces armées centrafricaines. Nous osons aussi espérer qu’il y aura des soldats d’autres nationalités ».
rfi