Le mérite des Mandingues de Mbour, c’est d’avoir réussi à imposer et à conserver leur patrimoine immatériel à plusieurs centaines de kilomètre de leur aire culturelle d’origine, dans un milieu cosmopolite et complètement ouvert sur l’extérieur.
Un modèle pour la communauté Mandingue de Sédhiou s’en inspire ?
Bien que la mondialisation accélère la marche du monde, elle impose, malheureusement, une uniformisation des modes de vie en faveur de l’occident, ceci à travers des flux culturels à sens unique, aux dépens des civilisations noires. Par exemple imposer ” Ayy affaires de Goorgigéen” à tous les États Africains ???
Il est donc important que nous réfléchissions à investir les programmes scolaires, les jeux vidéos, les dessins animés pour réinjecter de la Culture dans l’esprit de nos juvéniles qui deviendront, plus tard, les ” autorités” avec des tenues à l’image de la Marine Américaine, bref du colonisateur. A défaut, nous les laisserons à la merci des autres qui les transformeront en millions d’apatrides et de consommateurs universels, formatés, prêts à exécuter, à la lettre, leur théorie apprises à l’école du colon.
Quand on va au contact d’un peuple, la première préoccupation c’est de respecter leurs croyances et pratiques, sans forcément y croire. Ça s’appelle “le savoir vivre” et “le bon voisinage” .
On n’a pas besoin d’être un spécialiste pour savoir ce qui dérange dans ce pays. Et ce n’est ni le Kankourang ni la veillée culturelle !
Le Kankourang, c’est la culture. Et la culture, mieux qu’un levier du développement, c’est le ciment d’une société. Elle éveille les consciences par les expressions artistiques, rassemble la population et en procure des modes de vie.
Néanmoins, on ne sort pas le Kankourang pour solder ses compte !
On ne sort pas le Kankourang pour frapper une fille qui a refusé d’être en couple avec quelqu’un.
On ne sort pas le Kankourang pour aller voler le petit boutiquier du coin.
On ne sort pas le Kankourang pour empêcher les femmes d’aller au marché.
On ne sort pas le Kankourang pour démontrer sa suprématie aux autres communautés.
On ne sort pas le Kankourang pour défier une autorité en lui prouvant qu’elle est une étrangère, etc .
L’apparition du Kankourang en public raconte l’histoire d’un peuple et symbolise sa mémoire collective.
Le secret protège le sacré du profane et de la banalisation.
En aucun cas, les déboires de jeune adolescents ne doivent mettre fin à la tenue du “Fanekéngdiroo” (Veillée culturelle).
C’est comme si une voiture a percuté une personne et on interdit la circulation de toutes les autres voitures de la ville !
Au moment ou le “Goorguigénnisme”, le vol, la perte de valeurs prennent de plus en plus de l’ampleur, c’est la culture qui nous permet de garder notre dignitè et identitè.
Alors, que nous restera-t-il quand on aura tout interdit, tout perdu ?
Cheikh Oumar Dramé dit Fotifo
Administrateur culturel