Irrespectueux et inconcevables ont été les propos du Président de la Tunisie, Monsieur Kais Saïed, envers les populations africaines. Que ces dernières soient subsahariennes ou pas. Dans un communiqué rendu public, ce dernier qui a maille à partir avec sa population depuis son avènement « malheureux » au pouvoir s’en est ouvert et violemment pris aux populations africaines du Sahara du sud qu’il qualifie de « hordes de migrants clandestins » . C’était lors d’une réunion qui portait sur la “Sécurité nationale” de son pays. Ces propositions ont fait rage. Ils ont fait réagir tout le monde et secoué des diplomaties entières.
A en croire ce Président, la présence des Africains subsahariens en Tunisie est source de violence, de crimes, et d’actes inexplicables.Tout en soutenant que cette immigration “clandestine” relève d’une “entreprise criminelle ourdie à l’orée de ce siècle pour changer la composition démographique de la Tunisie”. Il a même fait sien le concept ou la théorie du grand remplacement considérant que, par cette présence de populations africaines du sud du Sahara, il s’agit de transformer la Tunisie en un pays “africain seulement” et estomper son caractère “arabo-musulman” “. En se comportement de la sorte, et en débitant des propos aussi discourtois et étonnants de la part d’un Président, Monsieur Saïed a sans doute oublié que la migration irrégulière de sa population vers d’autres pays, notamment de l’Europe prend l’ascenseur. Rien que l’an dernier, plus de treize mille (13.Aujourd’hui, la propension des Tunisiens à migrer irrégulièrement s’accentue de jour en jour au regard de la situation de chaos dans laquelle est plongé le pays depuis son accession au pouvoir.
La situation économique se dégrade avec une inflation galopante, la flambée des prix et une situation politique incertaine. Mieux, la migration est en passe de devenir un projet familial autour de toute la famille s’accorde. La migration irrégulière est en hausse, avec 18 % de départs supplémentaires par rapport à 2021. Vous deviez savoir RAISON GARDER Monsieur le Président.
S’en prendre aux africains n’aidera en rien votre incapacité à redresser votre pays et l’aider à surmonter les crises qu’il traverse. Il n’est pas non plus dans votre intérêt d’ouvrir d’autres fronts. Après avoir « insulté » les africains subsahariens en les traitant de « hordes de migrants clandestins », vous surfez sur un concept dangereux « grand remplacement » en permettant de légitimer ou de justifier votre mauvaise adresse. Il est inélégant de votre part de parler ou de véhiculer des idées qui tendraient à transformer la Tunisie en un pays “africain seulement” et estomper son caractère “arabo-musulman”.
Pour votre gouverne, le « grand remplacement » est une expression du titre du livre de Renaud Camus, publié en 2011 avant d’être réédité en 2013. Cette expression connait sa popularité grâce à Éric Zemmour qui s’en est appropriée dans son discours anti -immigration et contre les africains. « Le “grand remplacement” n’est ni un mythe ni un complot, mais un processus implacable », écrivait-il en 2021. Cependant, il serait un phénomène démographique et culturel de substitution des populations européennes dites « de souche » par des populations immigrées nord-africaines.
Monsieur le Président, il serait plus sage pour vous de ne plus utiliser ce terme ou alors de le faire pour des populations nord africaines. Calibreur Sachez RAISON GARDER Monsieur Saïed.
Au nom de la sacralité de l’être humain, de l’unité, de la cohésion sociale et de la paix en Afrique et dans le monde, mettez de l’eau dans votre bissap. Prenez de la hauteur, modifiez vos propositions et présentez des accuses publiques. Vous ne risquez pas de sortir vainqueur de cette « insolence » et de ces diatribes jetées gratuitement sur d’innocentes personnes. Pensez à vos populations qui sont dans d’autres pays et, parfois même mieux que les populations autochtones. J’ose espérer que ce n’est pas une fourberie lorsque vous rétropédalez en tentant de rassurer ceux qui sont des « africains subsahariens en situation régulière » ?
Par Moussa Seydou DIALLO
Journaliste Spécialiste en migration
Président de l’Association des journalistes en Migration et sécurité du Sénégal(AJMS)
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